Discrimination L’âgisme, un fléau plus répandu que le racisme et le sexisme en Suisse

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10.1.2019

L’âgisme serait dans notre pays plus répandu encore que le racisme ou le sexisme.
L’âgisme serait dans notre pays plus répandu encore que le racisme ou le sexisme.
Keystone

Avoir 70 ans n’est pas toujours évident. En effet, selon une récente étude, l’âgisme, à savoir la discrimination envers les personnes âgées, serait dans notre pays plus répandu encore que le racisme ou le sexisme. Quelles sont les raisons, les conséquences et les solutions pour endiguer cette problématique sociétale?

Il y a plusieurs décennies, être âgé était synonyme d’expérience et de sagesse. Les aînés étaient considérés comme des références que l’on pouvait consulter, dont l’avis était source de garantie. Bien que cette valorisation des personnes les plus âgées perdurent dans de nombreuses cultures, il semble qu’ici le jeunisme – soit la notion inverse – prime. En découlent une stigmatisation, des discriminations de plus en plus fréquentes, et même plus importantes que celles liées au racisme ou encore au sexisme.

L’âgisme, des proportions importantes

L’âgisme se manifeste par «des comportements fondés sur des préjugés, des pratiques discriminatoires ou des politiques (…) institutionnelles qui perpétuent ces croyances», définit l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 

Selon une étude menée en 2018 en Suisse, près de 30% des personnes interrogées ont été victimes de pratiques discriminatoires liées à leur âge. Des actes variés, dans des domaines diversifiés, et qui semblent bien plus fréquents que les discriminations liées au racisme ou au sexisme, estimées respectivement à 12% et 22% des plaintes.

Quelles raisons, quels impacts?

En ce qui concerne la santé, «30% des personnes de 70 ans et plus ont le sentiment d’être traitées de manière injuste à cause de leur âge», détaille le professeur Maggiori dans «La Liberté». Alors que le racisme et le sexisme sont couramment dénoncés et condamnés, «l’âgisme est encore relativement toléré». Et pour cause, il n’y a pas encore de législation en la matière.

Parmi les reproches adressés à cette partie de la population, la hausse des coûts liés à la santé. La vieillesse serait en effet un fardeau, dont les représentants, forcément plus affaiblis, contribueraient à peser sur la société. Les plus jeunes auraient aussi tendance à craindre «une menace pour leurs retraites». Une fracture intergénérationnelle aux conséquences délétères: moins de cohésion, et surtout d’attention et d’entraide envers leurs aînés.
Ces derniers paieraient aussi le prix de cette stigmatisation, en matière de longévité.

L’OMS rapporte en effet que les sujets qui en souffrent «pourraient vivre 7,5 années de moins» que ceux qui considéreraient leur âge de manière positive. Stress cardiovasculaire, sentiment de perte d’efficacité et de réduction de la productivité seraient les symptômes du malaise. Par ailleurs, des établissements de santé et d’aide sociale seraient, à travers le traitement parfois réservé aux plus vulnérables, aussi impliqués dans le problème.

Quelles solutions envisager?

On dénombre aujourd’hui quelque 600 millions de personnes de 60 ans et plus dans le monde, et ce chiffre devrait doubler d’ici à 2025 et atteindre 2 milliards en 2050, estime encore l’OMS. Aussi, l’âgisme est un enjeu de société qui nécessite des mesures à prendre dès à présent. Parmi les solutions envisagées, combattre les stéréotypes sur la vieillesse, et notamment ceux qui sont inculqués aux enfants, relève nos confrères de «La Liberté».

Pour l’OMS, l’une des réponses se trouve par le biais d’une «meilleure connaissance du vieillissement» et des multiples façons de l’appréhender. Il convient aussi de «s’interroger sur la façon dont la société pourrait s’organiser plus efficacement». Plus de solidarité, d’empathie, mais surtout d’égalité entre générations apparaît donc un défi majeur auquel il est possible d’apporter des réponses.

Quelles actions concrètes?

En novembre dernier, la Fondation Leenaeerds, qui soutient et finance des projets dans les domaines culturel, social et scientifique, a récompensé l’initiative du professeur Christian Maggiori, qui consiste à sensibiliser à l’âgisme dès le plus jeune âge, via notamment des rencontres intergénérationnelles. Deux autres projets concernant l’engagement social et la qualité de vie des seniors ont aussi été promus.

De son côté, l’OMS préconise des campagnes de communication afin d’améliorer la compréhension du vieillissement et ce, à travers toutes les strates de la société. A l’instar du racisme et du sexisme, l’adoption de lois contre ce type de discrimination est l’un des ressorts conseillés par l’organisation internationale.

Enfin, avec une importante part de responsabilité dans l’expansion de l’âgisme, les médias devraient véhiculer une vision plus équilibrée du vieillissement. Car les aînés ont beaucoup à apporter à nos sociétés en pleine mutation démographique, technologique et environnementale. Echanges d’expériences, entraide mutuelle et cohésion sociale… «Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait», assure la sagesse populaire.

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