ComparatifLe risque d’infection n’est pas le même selon l’endroit
uri avec DPA
23.2.2021
Dans l’air, le coronavirus se propage principalement par le biais d’aérosols. Ainsi, au quotidien, le lieu où l’on se trouve concrètement n’est probablement pas le facteur le moins déterminant.
La vaccination contre le Covid-19 laisse espérer une fin prochaine de la pandémie. Mais malheureusement, ce ne sera pas aussi rapide. D’ici là, il faudra veiller à ne pas se faire contaminer. Les aérosols qui circulent dans l’air jouent un rôle majeur à cet effet. Divers experts se sont exprimés récemment au sujet des risques.
Notamment sur les chemins de promenade populaires, on peut s’approcher dangereusement des joggeurs qui soufflent. Selon Gerhard Scheuch, ancien président de la Société internationale pour les aérosols en médecine, qui conseille désormais également l’Agence européenne des médicaments (EMA), le risque n’est cependant pas aussi grand que la plupart des gens le pensent.
«Les gens doivent sortir des espaces clos»
«Quand vous vous promenez, vous n’avez pas vraiment besoin de faire attention», a récemment expliqué Gerhard Scheuch dans une interview accordée à la station de radio Deutschlandfunk. En extérieur, le risque d’infection par l’air est «très, très faible, même en se promenant», a-t-il précisé. Cependant, a-t-il concédé, il ne faut pas nécessairement «être à deux ou trois dans un espace étroit et se parler longtemps». Le risque augmente alors, mais même dans ce cas, la situation ne devient pas vraiment dangereuse, a expliqué Gerhard Scheuch.
«En extérieur, l’idéal est de rester constamment en mouvement»
Selon l’expert, le problème est comparable au fait de se tenir à côté d’un fumeur qui nous souffle constamment de la fumée au visage: «Vous êtes ainsi exposé au tabagisme passif.» En extérieur, l’idéal est de rester constamment en mouvement, a déclaré l’expert, qui est donc également «très fan de l’idée selon laquelle les gens doivent sortir des espaces clos, sortir à l’air libre». Cela a également permis de contenir la pandémie durant l’été, a-t-il ajouté.
Un risque probablement très faible lié aux joggeurs
Gerhard Scheuch ne voit pas non plus de grand danger avec les joggeurs que l’on croise. Selon lui, la concentration en virus lors d’une rencontre aussi brève n’est pas suffisante pour provoquer une contamination. L’an dernier, des calculs avaient déjà montré qu’il fallait passer environ «15 minutes ensemble pour être contaminé», a-t-il rappelé.
Cependant, selon Gerhard Scheuch, une rencontre avec un joggeur ne dure jamais aussi longtemps. «Que ce soit pour le jogging, la randonnée, la marche, je pense qu’il n’y a absolument aucun danger», a soutenu l’expert.
Il convient toutefois de noter à ce stade que les avis des experts sont souvent très divergents, a-t-il indiqué. Si l’on respecte les dispositions de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et si l’on porte toujours un masque lorsqu’une distance de 1,5 mètre ne peut être respectée, on a certainement tout bon.
Par ailleurs, une nouvelle étude identifiant le risque d’infection dans divers espaces clos a débouché sur des affirmations claires. Toujours est-il que les experts, parmi lesquels Gerhard Scheuch, ne les partagent pas toutes.
Un risque élevé dans les centres de fitness, les écoles et les bureaux
Dans un court rapport, des chercheurs de l’université technique de Berlin ont publié des calculs du risque d’infection pour différents scénarios intérieurs, des salons de coiffure aux supermarchés en passant par les cinémas et les centres de fitness. Dans le cadre de ces calculs, qui n’ont pas été examinés par des experts indépendants ni publiés dans une revue scientifique, le responsable de l’étude Martin Kriegel et sa collègue Anne Hartmann se concentrent sur des lieux fréquentés tels que les théâtres, les restaurants et les écoles.
Les facteurs d’influence pris en compte sont principalement la durée de la visite (estimée à une heure dans un supermarché), l’intensité de l’activité (élevée dans un centre de fitness) et le niveau de ventilation de l’espace. Le respect des règles d’hygiène et de ventilation est supposé et l’effet protecteur du masque est compris à 50%. Une condition supplémentaire est ajoutée: une personne infectée est présente dans l’espace avec d’autres personnes.
«Le risque est comparativement faible chez le coiffeur»
Dans les conditions données, le risque est comparativement faible chez le coiffeur ainsi que dans les musées, théâtres et cinémas avec une jauge limitée, mais aussi dans les supermarchés. Il est nettement plus élevé dans les centres de fitness et surtout dans les salles de classe, ainsi que dans les bureaux en open space et collectifs.
Des questions fondamentales sans réponse
«Il est très intéressant de comparer des situations typiques pour avoir une impression générale», affirme Martin Kriegel. «C’est un modèle d’estimation simple mais fondé sur un modèle de risque d’infection détaillé, validé sur des foyers réels», reconnaît-il dans le même temps.
Cependant, précise-t-il, des questions fondamentales d’ordre médical restent sans réponse, telles que la quantité de virus présente dans les particules d’aérosol et la concentration de virus nécessaire à une infection. «Il faudrait une collaboration interdisciplinaire accrue pour obtenir un modèle exhaustif et global.»
De nombreuses hypothèses
Gerhard Scheuch invite toutefois à la prudence dans l’interprétation des résultats: seule une partie de la multitude de facteurs d’influence est connue jusqu’à présent et l’étude formule de nombreuses hypothèses, a-t-il précisé. «De tels calculs sont incroyablement complexes.» Les résultats, qui quantifient le risque de manière très précise, donnent l’impression d’une exactitude qui n’existe pas, a-t-il ajouté.
«Le public doit comprendre que l’ouverture des écoles s’accompagne d’un risque élevé.»
Le chimiste Jos Lelieveld met en avant la comparaison des scénarios. «En réalité, le message est simple», explique le directeur de l’institut Max-Planck de chimie de Mayence. «Si un groupe d’individus passe un long moment dans un espace clos avec une personne infectée, le risque de contamination est très élevé. En l’espace de quelques heures, les aérosols chargés de virus s’accumulent et la dose infectieuse peut être atteinte.»
Cela s’applique par exemple aux écoles de cycle secondaire, pour lesquelles le risque peut être facilement représenté compte tenu de la taille comparable des classes et des salles, précise-t-il. Le risque dans les bureaux est également évident: «Ces affirmations sont justes et importantes», souligne Jos Lelieveld. «Le public doit comprendre que l’ouverture des écoles s’accompagne d’un risque élevé.» De même, ajoute-t-il, la proportion de télétravail peut encore être améliorée en Allemagne.
Envisager toutes les éventualités
Jos Lelieveld critique d’autres affirmations formulées dans le cadre de l’étude – comme le risque dans les piscines couvertes, que l’étude de Martin Kriegel a jugé considérable. Jos Lelieveld a refusé une demande reçue d’une association de piscines pour calculer le risque d’infection. «Pour cela, il faudrait être en mesure de simuler les flux d’aérosols dans les grandes salles. C’est impossible», souligne-t-il. Pour les restaurants et les centres de fitness, il est également difficile de se livrer à des affirmations exactes, ajoute-t-il: «Je ne soutiendrais pas ces affirmations ainsi.»
Le physicien Eberhard Bodenschatz souligne qu’il est relativement facile d’estimer les probabilités d’infection dans des conditions données. Toutefois, précise-t-il, il est important d’envisager toutes les éventualités.
Par exemple, si des personnes qui étaient déjà en contact les unes avec les autres se donnent rendez-vous dans un restaurant, il se pourrait que tout le groupe soit contagieux sans le savoir. Dans ce cas de figure, la probabilité que d’autres personnes soient infectées par des aérosols infectieux est beaucoup plus élevée que chez le coiffeur, par exemple, où les clients se rendent généralement indépendamment les uns des autres.
L’importance d’un nombre de cas faible
Quel que soit le lieu, le risque dépend énormément d’un facteur: la prévalence du virus au sein de la population. «Si la prévalence diminue, la probabilité qu’il y ait une personne infectée dans un espace clos diminue également.
Les experts soulignent que les décisions politiques dépendent également de nombreux autres facteurs. Martin Kriegel, l’auteur de l’étude, ne veut pas que ses calculs soient compris par les décideurs politiques comme des consignes en vue d’un éventuel assouplissement des mesures. «Je ne veux pas faire de recommandations, souligne-t-il. Nous fournissons des informations. Nous ne sommes pas impliqués dans les processus décisionnels.»