ÉtudeLes accros au boulot ne prennent pas plaisir à travailler
Relax
23.11.2023 - 13:30
Certains salariés qui passent beaucoup de temps au travail ont l’image de personnes passionnées par leur métier. Mais, sans s’en rendre compte, ils peuvent tomber dans une dépendance et devenir des «workaholics». Cette addiction, encore mal reconnue, serait souvent liée à des émotions négatives, selon une étude qui lève le voile sur la psychologie des accros au boulot.
23.11.2023, 13:30
Relax
Si de nombreuses études s’intéressent aux «workaholics», elles tirent souvent des conclusions contrastées à leur sujet. Certaines affirment que les bourreaux de travail sont assaillis d’émotions très négatives, allant du stress à l’hostilité, tandis que d’autres suggèrent qu’ils prennent plaisir à exercer leur activité professionnelle, malgré leur addiction.
Pour avoir une idée plus précise de leurs motivations, une équipe de recherche italienne a mené une expérience scientifique, parue dans le Journal of Occupational Health Psychology, impliquant 139 employés à temps plein. Les chercheurs leur ont demandé de répondre à un questionnaire évaluant leur degré d’addiction au travail, avant d’analyser leur humeur et leur perception de leur charge de travail grâce à la méthode d'échantillonnage d'expérience. Les volontaires devaient compléter de courts formulaires toutes les 90 minutes de 9 heures à 18 heures pendant trois jours travaillés (le lundi, le mercredi et le vendredi).
Ce protocole expérimental a révélé que les employés les plus accros à leur travail sont plus malheureux que ceux qui arrivent à prendre davantage de recul vis-à-vis de leur carrière. Ils maintiennent constamment une humeur plus négative tout au long de la journée, sans variations significatives attribuées au passage du temps ou aux fluctuations de la charge de travail. Cela peut s’expliquer par le fait que la dépendance conduit souvent à un aplatissement affectif, c’est-à-dire une incapacité à ressentir des émotions dans des situations qui, de par leur nature, devraient en susciter.
Trop travailler rime avec danger
Pour le professeur Cristian Balducci, auteur principal de l’étude, ces résultats viennent contredire l’idée reçue selon laquelle les «workaholics» prennent plaisir à travailler sans relâche. «Il ne semble pas que les personnes dépendantes du travail retirent plus de plaisir de leur activité professionnelle; au contraire, nos observations semblent confirmer que, comme dans d'autres formes de dépendance comportementale et liée à des substances, l'euphorie initiale cède la place à un état émotionnel négatif qui imprègne la personne même lorsqu'elle est au travail», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Le professeur Cristian Balducci et ses confrères intiment les entreprises à ne pas encourager leurs collaborateurs à travailler plus que de raison. En plus d’être contre-productif, ce comportement peut rapidement devenir hors de contrôle et avoir de lourdes répercussions sur la santé physique et psychique des personnes qui l’adoptent (troubles du sommeil, maux de tête, hypertension, surmenage, isolement social, etc.).
«Les organisations doivent envoyer des signaux clairs aux travailleurs sur cette question et éviter d'encourager un climat où le travail en dehors des heures de travail et le week-end est considéré comme la norme. Au contraire, il est nécessaire de favoriser un environnement qui décourage l'investissement excessif et dysfonctionnel dans le travail, en promouvant des politiques de déconnexion, des formations spécifiques sur le sujet et d'un accompagnement psychologique«, affirme le professeur Cristian Balducci dans le même communiqué.