Pandémie Les cinémas veulent rallumer les projecteurs

ATS

21.5.2020 - 10:04

Les exploitants de salles se préparent à rouvrir (archives).
Les exploitants de salles se préparent à rouvrir (archives).
Source: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Les exploitants de cinéma attendent avec impatience les décisions du Conseil fédéral de mercredi. Une réouverture des salles obscures est espérée dès le 8 juin. Depuis la mi-mars, les pertes d'exploitation de la branche s'élèveraient à plus de 60 millions de francs.

Ce chiffre est une estimation, précise à Keystone-ATS Edna Epelbaum, présidente de l'Association cinématographique suisse (ACS). «La branche est très dépendante de la météo et des sorties de films. Mais le printemps est une période très importante pour nous, avec plusieurs sorties importantes et des événements privés. Il permet de faire des réserves pour l'été», ajoute-t-elle.

Aux quatre coins de la Suisse, de nombreux cinémas s'attellent désormais à préparer leur réouverture. Celle-ci devrait survenir lors de la troisième phase de déconfinement, à partir du 8 juin. Le Conseil fédéral doit encore confirmer ce calendrier le 27 mai.

Réaction du public

«On se prépare. On fait le pari de rouvrir le lundi 8 juin», espère Nicolas Wittwer, chargé de communication du CityClub Pully, cinéma indépendant avec une salle de 200 places. «On veut ouvrir, on veut que la salle vive. Beaucoup de nos membres nous disent qu'ils se réjouissent de revenir. On verra comment le public va réagir».

«La majorité des exploitants souhaite rouvrir», observe Mme Epelbaum, qui exploite 28 salles dans les cantons de Neuchâtel, Berne et du Jura. En Allemagne, certains Länder ont déjà franchi le pas. «La Norvège aussi, et cela fonctionne. La France devrait suivre fin juin ou début juillet», ajoute-t-elle.

Quelles mesures sanitaires

La branche a travaillé sur un concept de protection sanitaire, qui a été transmis à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Pro Cinéma et l'ACS attendent les remarques des autorités et ne veulent pas, pour l'heure, détailler leurs propositions.

«On ne va pas réinventer la roue. On voit les consignes que les autres secteurs appliquent», relève Mme Epelbaum. Comme partout, les masques pourraient être recommandés, mais pas obligatoires. Il faudra laisser plus de temps entre deux séances. Les capacités des cinémas d'accueil seront réduites, reste à savoir de combien.

Une rangée sur deux

Au CityClub Pully, on réfléchit à différentes solutions pour respecter les règles de distanciation, comme de conserver une rangée de spectateurs sur deux, et un siège sur deux. «On aimerait ne pas devoir sacrifier le bar», confie M. Wittwer, qui rappelle que le cinéma vit en grande partie de ses recettes propres.

La crise va-t-elle sonner le glas de certains cinémas ? «Pour le moment, je n'ai pas entendu dire que des salles vont fermer. La crise est dure pour tout le monde. Mais je suis optimiste, ce n'est pas la première et pas la dernière», estime la présidente de l'ACS.

Le CityClub Pully n'est pas menacé, «mais il ne faudrait pas que cette crise dure trop longtemps», glisse M. Wittwer. Le cinéma touche le chômage partiel pour ses deux ETP (équivalent temps plein). Il espère un soutien par le biais du canton, mais la réponse ne tombera pas avant juillet.

Quels films à voir

La branche prépare la reprise, mais elle est tributaire de la sortie des films. Certains tournages ont été stoppés, des sorties repoussées. Deux blockbusters devraient arriver vers la mi-juillet: «Mulan» de Disney et «Tenet», film d'espionnage de Christopher Nolan.

«Au début, nous programmerons un mix de nouveaux films et d'oeuvres sorties juste avant la fermeture des salles», ajoute Mme Epelbaum. Par exemple «La bonne épouse», de Martin Provost, avec Juliette Binoche. Ou encore «Les enfants du Platzspitz» de Pierre Bonnard, un film suisse sorti avec succès en février en Suisse alémanique.

Sur grand écran

«On se réjouit de pouvoir à nouveau passer des films sur grand écran, de pouvoir divertir les gens», ajoute Edna Epelbaum. Pour les cinémas, il y a peut-être une chance à saisir cet été. Les grands festivals sont tous annulés, les voyages sont soumis à restriction.

Certains petits cinémas pourraient être tentés d'ouvrir pour engranger quelques recettes supplémentaires. «Normalement, le CityClub ferme en juillet-août. Cette année, pourquoi pas ouvrir, s'il y a de l'intérêt», se demande M. Wittwer.

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