Rester à la montagne... Mattia Testa: «C’est comme avoir les six numéros gagnants au loto»

D'Isabel Plana

15.10.2019

Beaucoup de jeunes quittent leur village de montagne pour leurs études et ne rentrent finalement plus chez eux. Ce n’est pas le cas de Mattia Testa. Après son apprentissage, il est retourné à Vergeletto, dans la vallée Onsernone, au Tessin, et a fondé une entreprise forestière.

«Quand on a la possibilité de gagner sa vie dans une vallée montagneuse si reculée, c’est comme avoir les six numéros gagnants au loto. Car il n’y a presque pas de travail ici. Il faut créer sa propre entreprise, il n’y a pas vraiment d’autres moyens.

Je suis donc très heureux d’avoir été soutenu par l’Aide Suisse aux Montagnards pour acheter le fendeur de bûches et le tracteur. Je n’ai que 20 ans, et je n’avais pas assez d’argent pour réaliser un tel investissement. Mais cette acquisition était très importante, car c’était la seule façon pour mon entreprise de transformation du bois d’avoir une chance sérieuse de réussir.

J’ai terminé ma formation de menuisier à Bellinzone l’an dernier. Il était clair pour moi que je voulais retourner dans mon village natal de Vergeletto et fonder ma propre entreprise. Je ne peux pas m’imaginer vivre en ville.

Impossible sans machine

Le bois a toujours été présent, même dans mon enfance. J’accompagnais mon père à l’abattage du bois dans la forêt et je l’aidais à le couper. Mais ma famille ne produisait en fait que pour son usage personnel. Et le sciage et le fendage étaient faits à la main.

A l’heure actuelle, je ne peux toujours pas vivre uniquement du travail du bois, car je n’ai pas assez de travail en dehors des mois d’été. Au printemps, je commence toujours par l’abattage du bois. Ensuite, je peux fendre, scier et vendre du bois jusqu’en septembre/octobre. En hiver, je travaille comme mécanicien et je m’occupe du déneigement à Vergeletto. Il suffit d’être flexible et de faire des choses différentes si l’on veut réussir ici.

Mon objectif est de pouvoir vivre de la transformation du bois toute l’année sans avoir à gagner un revenu d’appoint. L’année prochaine, un de mes collègues rejoindra l’entreprise quand il aura terminé son apprentissage de menuisier. Cela nous permettra de travailler toute l’année: en été, nous produirons du bois de chauffage et en hiver, nous ferons de la menuiserie.

Sans la nouvelle machine à fendre, il aurait néanmoins été presque impossible de travailler toute l’année tout en étant rentables. Je l’ai achetée l’hiver dernier et je l’ai mise en service pour la première fois au printemps. Avant, il me fallait un mois pour fendre dix tonnes de bois, et j’avais besoin de l’aide de mon père ou d’un collègue. Avec la machine, je peux fendre tout seul la même quantité en une seule journée. J’espère pouvoir produire au moins deux fois plus de bois de chauffage cette année que l’an dernier, soit plus de 40 tonnes.

Popularité du chauffage au bois

Mes clients sont principalement des habitants de Vergeletto et des vallées environnantes. Il y a encore quelques personnes qui font du bois de chauffage en à-côté ou bien pour leur usage personnel, mais presque personne ne produit à grande échelle.

Une scierie du village s’est récemment arrêtée et m’a envoyé ses clients. Je pense que mon entreprise a de bonnes chances de réussir. De plus en plus de gens ici se chauffent au bois, la demande augmente. Surtout en granulés de bois. J’envisage donc de vendre des granulés à l’avenir.

Je pourrais transporter les granulés avec le tracteur, que l’Aide Suisse aux Montagnards a également cofinancé. Il n’est pas envisageable de produire des granulés moi-même dans un avenir proche, car cela nécessite une infrastructure importante et coûteuse. Il faut non seulement une installation de granulation spéciale, mais aussi des silos pour stocker les granulés. Mais qui sait, si mon entreprise se développe bien et que la demande continue d’augmenter, la production de granulés pourrait être une carte sur laquelle je pourrais parier dans quelques années.»

Ce reportage a été publié pour la première fois dans le journal «Le Montagnard».

Un si joli brouillard

Retour à la page d'accueil