Polémique Aubade choque Paris

Covermedia/ AllTheContent

18.12.2018 - 13:09

Anne Hidalgo, maire de Paris, s'est insurgée contre la publicité Aubade.
Anne Hidalgo, maire de Paris, s'est insurgée contre la publicité Aubade.
Source: Covermedia

Une paire de fesses affichée en gros sur la devanture d’un grand magasin parisien et Paris s’enflamme. Le sexisme est-il le nouveau cadeau de Noël « à la française » ?

Dans ses campagnes de pub, la marque Aubade a toujours joué sur une image érotique des sous-vêtements qu’elle vend. Et cela fait plusieurs années que les affiches de ses campagnes sur les abribus sont taguées de slogans féministes dénonçant la marchandisation du corps des femmes, ou aussi de graffitis et dessins graveleux, voire très vulgaires. Cela montrait que les photos aguichantes, bien qu’esthétiques et en noir et blanc, ne laissaient pas les passants indifférents.

Cette année, on monte d’un cran. Aubade se met à l’abri des graffitis en affichant une immense photo en haut de l’entrée d’un grand magasin parisien. L’objet du délit, car délit il semble y avoir eu, une chute de reins et un fessier rebondi recouvert d’un slip de dentelle. Avec un slogan un peu bêta: «Parlez-vous Aubade?». Il faut croire que le langage d’Aubade a échauffé des oreilles! Et fait bouillir de fureur l'adjointe à la maire chargée des questions relatives à l’égalité femmes-hommes, Hélène Bidard, qui a parlé une autre langue.

«Sérieusement les Galeries Lafayette, en 2018, en pleine vague #Metoo et à quelques jours de Noël vous n’avez rien de mieux à afficher que les fesses d’une femme sans visage?» a demandé l’élue avant de réclamer «le retrait immédiat de cette campagne sexiste». La mairie de Paris s’était engagée en 2017 à bannir du réseau municipal d’affichage toutes les publicités sexistes ou discriminatoires. Cette fois, elle jugé opportun d’intervenir à propos d’un affichage sur un bâtiment privé. Depuis, l'affiche a été retirée, la campagne publicitaire Aubade ayant pris fin.

Cette image réduit-elle les femmes à un objet?

Certains verront là une attaque à la liberté de créer et une importation de la pudibonderie américaine, avec l’argument qu’en France, on n’a pas le même rapport au corps et à l’image. Ce qui est vrai, en substance, mais ne règle pas la question: cette image réduit-elle les femmes à une paire de fesses et, donc, à un objet?

D’autres interrogations procèdent de la première. Le fait que ce soit sur l’affiche un tronc et non un corps avec un visage amplifie-t-il le caractère sexiste de cette campagne? Le corps féminin doit-il être banni des campagnes publicitaires? Et quid du corps masculin? Est-il possible de proposer un autre regard sur le(s) corps des femmes? Montrer un corps nu ou peu habillé est-il toujours une agression sexiste?

On soulignera aussi que ce genre de cliché (au double sens du terme) n’a rien à voir avec la liberté des femmes de porter la tenue qu’elle souhaite, jupe courte ou autre décolleté plongeant. Ici, il ne s’agit pas de choix personnel, mais de publicité qui met en scène une partie de l’anatomie féminine. Le débat est ouvert. Il mérite qu’il soit apaisé, mais il est fort probable que, dans un contexte où les positions sont exacerbées de part et d’autre, il n’en sera rien.

En tout cas, la campagne publicitaire a atteint son but: faire parler d’elle! Le sexisme, ça peut rapporter gros… C’est le marché qui est donc gagnant! Quant au grand magasin, qui en cette période de l’année draine des milliers d’enfants devant ses vitrines féériques, il en reviendra sans doute à des clichés de Noël un peu plus mainstream.

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