Depuis Mary Quant, la minijupe est dans le vestiaire des filles, presque sans éclipse. On vous dit tout sur ce petit bout de tissu qui a tant fait parler de lui.
Dans la mode, il y a deux séquences: celle de la nouveauté et de la rupture. La minijupe appartient à la catégorie «rupture». Si les Années Folles, après la Première Guerre mondiale avaient déjà raccourci les robes jusqu’à montrer les mollets (et les genoux, quand on dansait le charleston), il a fallu attendre une seconde guerre et les florissantes années 60 pour voir apparaître les genoux et les cuisses des filles (cette mode s’adresse spécifiquement alors aux adolescentes et aux jeunes filles, histoire de bien marquer la rupture avec le milieu familial et la mode de papa-maman).
La minijupe, pour mériter ce nom, ne doit pas descendre plus bas que 10 cm sous les fesses, mais bien sûr personne n’a créé de police de la minijupe pour vérifier si cette consigne est oui ou non suivie.
Depuis 1962
La première minijupe est inventée en 1962 par Mary Quant, qui la met en vente dans la fameuse boutique Bazaar, sur King’s Road, à Londres, dans le quartier de Chelsea. Si Mary Quant dit s’être inspirée des minirobes de plage que l’on trouvait dans les boutiques de Saint Tropez, et qu’on l’accuse même de les avoir copiées, il faut reconnaître qu’elle a fait sortir des filles cuisses nues (on disait même «à l’air») avec juste un petit morceau de tissu, en ville, et pas n’importe laquelle: Londres, la capitale de l’élégance britannique formelle.
En 1965, Mary Quant sort une collection où elle décline l’objet du délit. Délit n’est pas un mot lancé en vain: aux Pays Bas, la minijupe qui avait été popularisée par Mila (mannequin et créatrice de mode), est interdite. En France, en 1965, André Courrèges se saisit de l’idée et en propose une version futuriste, associée à des bottes plates de sa création. Les «vedettes» de l’époque en raffolent: Françoise Hardy, Brigitte Bardot, Jane Birkin, Twiggy, Catherine Deneuve, entre autres, montrent leurs jambes sans crainte.
Gabrielle Chanel, qui a en son temps révolutionné la mode féminine et à qui l’on doit des avancées telles que les vêtements en jersey, la diffusion du pantalon large, ou encore du maillot rayé, a détesté la minijupe et l’a fait savoir, un peu ridiculement, il faut le reconnaître. Quant au ministre de l’Éducation d’alors, il a considéré que la minijupe n’était pas bienvenue dans les lycées.
Depuis, après avoir un peu perdu pied en étant assimilée à un vêtement des travailleuses de la nuit, la minijupe a repris le chemin des vestiaires féminins. Avec le temps, son pouvoir provocateur s’était un peu émoussé, mais il semble reprendre du service dans une période où certains aimeraient contrôler ce que portent les filles et les femmes.
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