Mode & Beauté Cultissime : le costume noir de travailleur chinois d’Azzedine Alaïa

Azzedine Alaïa a choisi la simplicité vestimentaire. Cet immense styliste s’en est tenu à l’uniforme des travailleurs chinois, en optant pour la couleur noire, faisant de son look un signal visuel.

Azzedine Alaïa avait un look fétiche, dont il ne s’est jamais éloigné.

Vous vous attendez à ce qu’un des plus grands stylistes du XXe siècle soit élégamment vêtu de vêtements recherchés, et qu’il se soit même confectionné des pièces personnalisés pour marquer son style singulier. Et pourtant, la plupart adoptent souvent une certaine neutralité au quotidien, bien entendu, et même dans des situations qui requièrent de faire un effort sur le look. On s’aperçoit de cette modestie vestimentaire quand les créateurs font une apparition lors des défilés de leurs collections.

Mais Azzedine Alaïa a fait plus fort. Il a érigé cette modestie en marque de reconnaissance. En un « signal ». Paradoxal, mais rusé, en fait. Le créateur aux doigts magiques et à la vision esthétique telle qu’elle a laissé une empreinte indélébile sur la mode mondiale n’a rien dessiné ou cousu pour lui. Il n’a même pas fait hommage au travail de certains confrères qu’il devait apprécier. Au boulot comme aux Bains Douches, sur un tapis rouge comme lors d’un dîner officiel, Azzedine Alaïa a préféré l’uniforme.

Et pas n’importe quel uniforme ! Celui des millions de travailleurs et paysans chinois ! De plus, pour être davantage discret encore face à ses créations, il a abandonné l’indigo au profit du noir. Le fait est que peu de gens ont pu voir Azzedine Alaïa autrement vêtu que d’une veste noire col mao et d’un pantalon noir. La plupart du temps en coton, mais parfois en satin, voire, pour la veste en tissu chinois, à motifs traditionnels tons sur tons mais toujours noirs, cet uniforme s’est accompagné de pulls ou t-shirt et de chaussures assortis. Des chaussures qui, au fil du temps sont devenues des baskets. Un béret noir (dont on doute qu’il soit une référence au Che mais plutôt à l’humble travailleur des années 1930) complétait la tenue tellement passepartout, tellement signalétique que l’on ne voyait plus qu’elle. Et que l’on s’en souvient après la disparition du maître.