Mode & Beauté Fashion Week Londres : défilé printemps-été 2020 Simone Rocha

Tulle, ruché et baskets : le défilé printemps-été 2020 de Simone Rocha à la Fashion Week Londres donne le ton d’emblée : mélange des genres, au propre comme au figuré, sur fond de préciosité et d’influences historiques et ethniques. Étrange et envoûtant.

Un motif qui évoque les carreaux de faïence bleue de Delft, une veste à col rond, des manches en voile bouffantes, de la broderie anglaise sur une jupe midi à multiples volants qui se termine par l’apparition d’un épais jupon de tulle, le tout porté avec des socquettes blanches à fins motifs assortis à la tenue, des baskets et, dans les cheveux un diadème ethnique qui fait écho à une paire de pendants d’oreilles : les ingrédients du défilé printemps-été 2020 de Simone Rocha à la Fashion Week Londres sont présents dès le premier look d’un défilé aussi roboratif (47 tenues) qu’étonnant.

On est fasciné par la préciosité des matériaux (dentelle, tulle, broderie, soie, satin, paillettes), la palette où le blanc domine, marqué de fins motifs bleus ou gris, où le noir est lumineux et où le rouge, telle la couleur porte bonheur chinoise, se porte aussi en total look, quand le beige perd toute référence à un quelconque effet bourgeois chic, et l’on apprécie les nombreux effets de transparence, qui ne dévoilent quasiment rien des corps, mais tout de la maîtrise du style.

On cherche vainement des repères dans le mélange des références entre univers des petites filles modèles du XVIIIe siècle (dentelle, jupons, superpositions, pantalon de dentelle sous la jupe ou robe), modernité (accumulation, baskets en tous genres), et regard vers l’Asie centrale et l’Asie (satin des vestes brochées, délicatesse toute japonaise d’un rose pâle parcouru d’un motif floral, rigueur des vestes tuniques, diadème, coiffes de raphia, symboles dessinés sur le visage). Il s’agit de transmettre une impression, d’inventer un langage et non pas répéter des codes.

Enfin, il est notable que cette fascinante collection mélange les âges, les genres, les gabarits : les vêtements, eux-mêmes hors normes, sont au service de la diversité de la personne qui les portera. On peut parler d’inclusivité. Le terme « talent » convient mieux.