Mode & Beauté FW Milan : Que retenir du défilé Fendi ?

À Milan, pour la Fashion Week des collections printemps-été 2021, Fendi a voulu maintenir la tradition, avec un vrai défilé, et cerise sur le gâteau de cette crise sanitaire, avec des invités en chair et en os ! Et la dernière collection en solo de Silvia Fendi méritait bien ça !

Qu’est-ce que cela signifie d’appartenir à une lignée de couturiers ? Que faire de son temps quand il s’écoule, contraint et forcé, en famille, entre les murs d’une demeure agréable, certes, mais nécessairement limitée ? Silvia Fendi, petite-fille des fondateurs de la marque, a mis à profit le temps du confinement pour réfléchir à cette continuité et à cette rupture, ainsi qu’à l’évolution prochaine de la maison, quand elle aura à ses côtés Kim Jones pour un binôme créatif. Et c’est sous la forme d’une collection mixte, élégante, teintée des reflets de la nostalgie, que la styliste a apporté ses réponses.

La collection aurait pu s’appeler « Une femme à sa fenêtre » si le titre n’avait été utilisé par Drieu de la Rochelle. Car c’est à sa fenêtre, seul contact avec le monde durant la pandémie, que Silvia Venturini Fendi a laissé flotter son imagination créative. Il en résulte des pièces où la transparence, les broderies, les « jours » et les résilles, alliés à des couleurs pâles comme un crème délicat ou un bleuté imperceptible, révèlent des couleurs plus denses, telles un ocre ou un bleu ciel. D’autres jouent sur les contrastes graphiques du noir et du blanc. Un rouge déterminé et un gris d’acier complètent la gamme chromatique d’une collection toute en finesse.

Cependant le blanc, pour les femmes comme pour les hommes, de même que le monochrome sont les grands gagnants de cette collection où le lin, le voile de coton, le cuir, sont la base sur laquelle s’exerce le talent de la créatrice qui réussit à créer un sentiment d’ultime légèreté avec des coupes structurées.

Les tailleurs, les robes droites ou épousant le corps, les costumes 3-pièces et les robes manteaux le disputent aux bodys, shorts et bloomers pour les femmes, tandis que les hommes évoluent dans des tailleurs bermudas (dont un en cuir associé à un manteau) ou manteau-pantalon. À noter, ce qui risque fort de ne pas plaire à tout le monde, l’usage immodéré des chaussettes (longues, forcément, nous sommes en Italie !) et des claquettes pour accompagner les shorts et bermudas masculins.

Le défilé est inclusif qui mêle hommes et femmes, jeunes et vieux, maigres et rondes, et toutes les nuances de peaux. Certaines sont sœurs, d’autres mère et fils... la famille est une valeur sûre à laquelle on se raccroche en temps de crise ! Les 130 invités, spectateurs solitaires entourés de chaises vides pour maintenir la distance physique imposée, ont eu le plaisir de se laisser emporter par l’ultime récit à une voix de Silvia Venturini Fendi.