Mode & Beauté Instant mode : le collant déchiré de Gucci, facétie ou réflexion sur la durabilité ?

CoverMedia

20.10.2020 - 13:08

2019 LACMA Art + Film Gala held at LACMA

Featuring: Alessandro Michele
Where: Los Angeles, California, United States
When: 02 Nov 2019
Credit: Faye's Vision/Cover Images
2019 LACMA Art + Film Gala held at LACMA Featuring: Alessandro Michele Where: Los Angeles, California, United States When: 02 Nov 2019 Credit: Faye's Vision/Cover Images
Source: Faye's Vision/Cover Images

Gucci propose des collants filés et troués à 140 euros. Les commentaires sur les réseaux sociaux vont bon train et permettent de réfléchir à des notions telles que le luxe, la durabilité, ou encore la provocation.

Toute personne qui a porté des collants sait que l’on craint en permanence qu’ils nous lâchent en filant, délicatement ou massivement, et nous exposent à une situation embarrassante. Nos arrière-grand-mères appelaient ça des « échelles ». Cette situation connue de toutes ne nous empêche pas d’en porter, quitte à se balader avec une paire de collant de rechange dans son sac (et c’est une des raisons pour lesquelles le mini sac n’éclipsera jamais le fourre-tout !). Nous pestons contre ces fabricants qui ont fragilisé exprès une des matières la plus solide au monde, le nylon, mais, de façon générale, nous continuons d’être des consommatrices complices.

Or la maison Gucci, par humour ou par provocation, a décidé de mettre en vente des collants déjà largement filés, et même troués, à un prix loin d’être raisonnable (140 euros). Son nom « collant à effet usé » insiste sur l’usure, le passage du temps. Mais, alors que les internautes se sont emparés du sujet pour en plaisanter, ils soulèvent aussi des questions. Pourquoi ne pas porter un collant troué ? Pourquoi jeter ou lieu de réutiliser ? Quelles sont les limites ? Qu’est-ce que le luxe veut dire, si un collant filé exprès coûte plus de 10 fois le prix de celui qui est en bon état par la seule grâce du nom du fabricant styliste (on ne saurait trop recommander d’aller voir l’exposition du MAD qui pose la question) ?

Alessandro Michele, de Gucci, a-t-il voulu attirer notre attention sur les effets pervers d’une mode non durable ?

Alexander Wang, en 2008, avait aussi proposé des collants filés, mais moins abimés. Hedi Slimane, quand il était chez Saint Laurent, en 2015, avait lui aussi misé sur la force évocatrice du collant déchiré des punkettes ou d’une sexualité fétichiste. À chaque fois, cela fait un mini scandale. Mais le scandale n’est-il pas dans l’existence même du collant si fragile ?

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