Pratiques illégales, regrets... La chirurgie esthétique, tout sauf un acte anodin

Relax

7.4.2022 - 10:30

Les actes de médecine et de chirurgie esthétique sont en plein boom quasiment partout dans le monde, au point de faire naître des tendances sur les réseaux sociaux. Mais on ne se refait pas le nez – ou les fesses – comme on change de T-shirt, et cet engouement sans précédent n'est pas sans risque. Les pratiques illégales mises au jour par la profession, tout comme les regrets assumés par de nombreuses personnalités, prouvent que ces actes n'ont absolument rien d'anodin.

Entre regrets assumés et injecteurs illégaux, force est de constater que les actes de médecine et de chirurgie esthétiques ne doivent pas être pris à la légère.
Entre regrets assumés et injecteurs illégaux, force est de constater que les actes de médecine et de chirurgie esthétiques ne doivent pas être pris à la légère.
Prostock-Studio / Getty Images

7.4.2022 - 10:30

Entre les pratiques douteuses observées sur les réseaux sociaux ces derniers mois, et les regrets exprimés par plusieurs personnalités, la chirurgie et la médecine esthétiques n'ont pas bonne presse. Et pourtant, pratiqués par des professionnels avisés, dans les meilleures conditions (donc), ces actes ne sont en aucun cas considérés comme dangereux. Reste qu'il est aujourd'hui important de respecter certaines règles – ou recommandations – et d'appréhender chacun de ces actes avec bon sens et considération. Toute transformation physique se doit d'être pensée, analysée, et mûrement réfléchie. Et ce sont les professionnels eux-mêmes qui le préconisent.

Chose à prendre en compte à une époque où les interventions esthétiques et cosmétiques ne cessent d'augmenter d'année en année. En 2019, l'International Society of Aesthetic Plastic Surgery (ISAPS) faisait état d'une hausse de 7,4% de ces interventions dans le monde. Injections d'acide hyaluronique, abdominoplasties, liposuccions, implants fessiers… Nombreuses sont les interventions qui comptent une foule d'adeptes, notamment chez les plus jeunes. A ce jour, le hashtag #plasticsurgery cumule 12 milliards de vues sur TikTok, contre 4 milliards un an plus tôt. C'est dire à quel point ces actes sont devenus courants.

«En France et dans le monde, les réseaux sociaux se sont développés de façon anarchique avec des conséquences graves pour la santé des jeunes patients. Des injections sous ou dans la peau sont des actes médicaux, qui doivent être réalisés par des médecins formés et qualifiés. Les jeunes patients doivent faire leurs recherches. Tout geste esthétique, même peu invasif comme les injections, comporte une effraction de la peau, et a des complications possibles, parmi lesquelles des hématomes et des infections. Et ceci est valable pour toutes les procédures destinées à remodeler le visage ou le corps, les produits de comblement», explique le Dr. Catherine Bergeret-Galley, chirurgien plasticien et vice-présidente de la Société Française des Chirurgiens Esthétiques Plasticiens (SOFCEP) et secrétaire général du Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique (SNCPRE).

Halte aux "fake injectors"

Face à la montée de certaines dérives sur les réseaux sociaux, le SNCPRE s'est réuni dès le mois de janvier en France pour alerter les pouvoirs publics sur les dangers liés aux 'fake injectors', ces personnes non autorisées, et donc non qualifiées, à pratiquer des injections de toxine botulique et autres produits de comblement qui sévissent – le plus souvent – sur les réseaux sociaux. Une mobilisation destinée à mettre en lumière les nombreux effets indésirables graves pouvant découler de ces pratiques, et à stopper les activités illégales d'injection.

«Le grand problème de cet engouement pour la médecine et la chirurgie esthétique sur les réseaux sociaux est qu'elles sont actuellement proposées par des injecteurs non-médecins ou même des blogueuses ou instagrameuses qui n'ont pas le droit d'injecter. Des influenceurs, les nouvelles stars des médias pour les jeunes publics, font même la promotion de ces injecteurs qui pratiquent ou favorisent l'exercice illégal de la médecine, et c'est vraiment choquant. Depuis 3 ans, nous constatons les résultats de cette explosion de non-professionnalisme: des complications graves», alerte la professionnelle de santé.

D'autres pays, comme le Royaume-Uni, ont déjà pris le problème à bras-le-corps. Après avoir interdit l'administration de botox et autres produits de comblement à des fins cosmétiques aux mineurs, le gouvernement britannique a décidé de durcir la législation. Il s'agirait d'imposer une licence aux praticiens effectuant ce type de traitements pour éviter les dérives. Dans l'Hexagone, la réponse des pouvoirs publics peine à venir, d'après les professionnels du secteur.

«En France, rien ne se passe pour l'instant. Le gouvernement, grâce à l'action de notre syndicat, commence enfin à s'apercevoir des horribles complications dont sont responsables les injecteurs illégaux. Depuis notre mise en garde en janvier, le syndicat attend toujours le rendez-vous au niveau du ministère et de la direction générale de la santé. Il est évident que la vente libre des produits d'injection de comblement aux non-médecins doit être arrêtée pour protéger les patients de ces fraudeurs», poursuit le Dr Bergeret-Galley.

Pratiqués par des médecins avisés, les actes de chirurgie et de médecine esthétiques ne sont pas sujets – ou très rarement – à des complications, rappelle la professionnelle. Dans l'attente d'un meilleur encadrement, les patients – notamment les plus jeunes – sont appelés à faire les recherches nécessaires – et indispensables – pour trouver le spécialiste adéquat, un chirurgien plastique spécialisé en chirurgie reconstructive et esthétique ou un médecin dermatologue formé en physiologie cutanée et anatomie. La réponse ne se trouvant pas sur les réseaux sociaux, mais sur des plateformes bien spécifiques (Sncpre.org ou chirurgiens-esthetiques-plasticiens.com, par exemple).

Ne pas se précipiter

Au-delà de ces pratiques frauduleuses, moult personnalités se succèdent ces derniers mois pour exprimer des regrets quant à des actes pratiqués trop jeune, ou avec excès. Courteney Cox a récemment déploré le trop grand nombre d'interventions réalisées au cours de sa vie – «J'ai vraiment l'air bizarre avec toutes ces injections et tout ce que je fais à mon visage», a-t-elle fini par reconnaître – quand Bella Hadid a regretté la rhinoplastie effectuée à l'âge de 14 ans, dans une longue interview accordée au magazine Vogue. «J'aurais aimé garder le nez de mes ancêtres», a fait savoir la jeune femme aujourd'hui âgée de 25 ans.

Les deux icônes mondiales ne sont pas les seules à exprimer de tels regrets. Dans un autre registre, Linda Evangelista a partagé sa souffrance sur les réseaux sociaux, après avoir été défigurée par un traitement esthétique. Même les stars de la téléréalité, pourtant habituées – pour certaines – aux injections et autres actes de chirurgie esthétique, sont de plus en plus nombreuses à s'épancher sur le sujet, mettant en garde leurs nombreux followers sur de tels excès. Jessica Thivenin a notamment regretté d'y avoir eu recours trop tôt pour sa poitrine, tandis que Maeva Ghennam a évoqué ses trop nombreuses injections, à l'origine d'un «visage boursouflé», prônant désormais plus de naturel. Des témoignages qui visent (aussi) à faire réfléchir les plus jeunes quant à l'importance de telles interventions, qui ne doivent pas être effectuées dans la précipitation.

«Les 'stars' sont aussi souvent des jeunes dont les décisions peuvent être dictées par la pression de la mode, leurs propres icônes trop opérées, et tout le système du «stardom». On voit sur les couvertures des magazines des visages surgonflés avec de l'acide hyaluronique trop injecté, avec des joues rehaussées, des mentons saillants, des fronts bombés, des lèvres géantes, des nez idéalement droits… Certains visages que l'on voit en téléréalité aujourd'hui ne ressemblent plus à des humains», déclare le Dr Bergeret-Galley.

La professionnelle rappelle qu'il est important de réfléchir sa décision avant de passer à l'acte: «Il faut résister à cette mode, prendre du temps, se renseigner, prendre plusieurs avis… Tout changement de l'apparence physique doit être fait avec précaution et chez les praticiens dument qualifiés, qui peuvent améliorer certains aspects sans vous ôter votre personnalité, qui savent éviter et traiter les complications et qui donneront un avis professionnel basé sur la morphologie du patient, la qualité de sa peau, etc. La médecine et la chirurgie esthétique doivent être bien pensées et analysées par le patient et son médecin».

Chose valable également pour celles et ceux qui souhaitent ressembler à leur star préférée. Un phénomène qui explose également à travers le monde. Tout acte, et quelle qu'en soit la raison, nécessite réflexion, recherches, et dialogue avec un professionnel de santé. Une règle d'or à respecter pour vivre toute transformation physique de la meilleure façon qui soit, et ne jamais regretter.

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