Mode & Beauté La mode à l’expo : « Fashioned from Nature », à Londres

CoverMedia

30.4.2018 - 13:09

Source: Covermedia

Mode et nature forment un joli couple depuis la naissance de la mode. Visiter l’exposition qui commence au V & A à Londres vous révèle tout ce que vous auriez bien aimé déjà savoir sur ce sujet.

A priori, l’idée d’assembler le monde de la mode à celui de la nature semble provocatrice. Quoi de plus antinaturel que la mode ? Pourtant, à peine entré dans l’expo organisée au Victoria & Albert Museum (V&A), on saisit la pertinence du choix de l’équipe qui a plongé dans les trésors du musée pour leur donner vie sous un angle artistique et scientifique, avec comme fil directeur une incitation à une attitude eco-responsable.

Mode et nature peut s’entendre de deux façons, au moins. La mode qui intègre la nature, c’est-à-dire en s’en inspirant. Et la mode qui est aussi un produit de la nature, c’est-à-dire qu’elle en est issue. L’expo réussit ce tour de force de faire fonctionner ensemble ces deux approches.

Aujourd’hui, alors que la tendance animalière est tout autant présente dans les défilés que dans la rue, on découvre avec intérêt qu’avant que les créateurs ne mettent nos tenues à la sauce léopard, la fascination pour le monde sauvage était déjà ancrée dans la mode des années 1600. Les macaques repérés par les premières expéditions sont aussitôt brodés au fil d’or sur de splendides gilets de soie pour les hommes élégants de l’époque. Les femmes, quant à elles, portent en motifs sur leurs robes d’exotiques oiseaux aux ramages colorés perdus dans des feuillages touffus.

La reproduction ou la stylisation des motifs floraux est une des constantes de la mode que n’ont pas oubliée les créateurs, de Dolce & Gabbana à Marni en passant par The Kooples.

Le vêtement et les accessoires, ce qui fait que la mode s’incarne, sont des produits de la nature : laine, coton, lin, chanvre d’une part ; cuir, fourrure (manteau et aussi feutre des chapeaux confectionné à base de poils de castor), os (baleines de corset), ivoire (boutons, manches d’ombrelles), nacre, et même des ailes de scarabée (une des pièces phares de l’expo, une robe éblouissante), d’autre part, sont liés à l’histoire de la mode.

On croise aussi dans l’expo les tentatives industrielles pour mimer les produits de la nature (nylon, ivoire végétal ou corozo, etc.). On y apprend que naturel ne veut pas dire sain : certaines teintures naturelles se sont révélées toxiques, voire mortelles ; le coton de nos t-shirts est passé par tant de produits chimiques qu’ils en sont encore imbibés quand ils sont sur notre peau.

Il y est démontré que l’industrie textile telle qu’elle est conçue aujourd’hui à une grande échelle est une atteinte illimitée à l’intégrité d’une planète sur laquelle l’humain ne représente qu’une petite portion.

La partie très novatrice et passionnante de cette expo, qui s’étend sur deux étages, est celle où l’on voit les efforts couronnés de succès de grands stylistes pour inventer et promouvoir une mode respectueuse de l’environnement, des animaux et des humains. Stella McCartney est très active dans ce domaine. Mais elle n’est plus seule à faire du cuir avec autre chose que de la peau. Ses propositions vont vous étonner, comme d’autres voies qui consistent à utiliser, par exemple, des fibres d’ananas ou encore les résidus de grappes de raisins après le pressoir.

Vous avez jusqu’au 27 janvier 2019 pour voir cette superbe expo. Ne la ratez pas.

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