Médecine esthétiqueMédecine esthétique: une forte hausse des interventions
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28.4.2021
Injections de botox, rhinoplastie, chirurgie du menton… Depuis le début de la crise sanitaire, les interventions de médecine esthétique connaissent une augmentation notable. Entre port du masque obligatoire et période propice au changement, quelles sont les raisons de cette hausse inattendue?
28.04.2021, 14:59
30.04.2021, 09:27
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Aussi étrange que cela puisse paraître, les confinements à répétition et les mesures sanitaires ont poussé de nombreuses personnes à recourir au bistouri. Entre contraintes sanitaires telles que le port du masque ou le télétravail, mais aussi une épargne accrue, différents facteurs ont contribué à cette hausse des actes de médecine esthétique.
La crise sanitaire: une période idéale pour sauter le pas
Nombreux étaient ceux (et celles) à y penser depuis un certain temps. Un coup de laser, une piqûre de botox et même une opération: la médecine esthétique semble avoir largement augmenté depuis le début des confinements. Un temps passé chez soi beaucoup plus important et une baisse d’interactions sociales ont donné à certains l’idée de mettre à profit cette période passée en autarcie.
Une période idéale puisque toute intervention nécessite un temps de cicatrisation durant lequel sortir devient plus compliqué, voire impossible. Aussi, une accélération notable a été constatée par les spécialistes du secteur: «C’est de la folie», confie un médecin au micro de «France Info», tant la demande est considérable. Si beaucoup d’opérations lourdes telles que la liposuccion et l’augmentation mammaire ont été déprogrammées en raison de la saturation des hôpitaux, ce sont en revanche les interventions de «sculpture» du visage (nez et menton), ainsi que les injections et le laser qui sont les plus sollicitées.
Les injections dans le menton auraient ainsi augmenté de 97 % et les demandes d’implants du menton de 86 %, recense le magazine de tendances américain «Coveteur».
Port du masque: un visage «coupé en deux»
Depuis un an maintenant, la contrainte du port obligatoire du masque a aussi changé la perception du visage. Alors que le regard, mais aussi les rides et autres pattes d’oie sont mis en avant, le nez, les lèvres et le menton sont désormais cachés, et donc mieux protégés. C’est pourquoi les personnes qui projetaient une rhinoplastie, une augmentation labiale voire une chirurgie du menton semblent s’être enfin décidées. En cause, une cicatrisation favorisée, et une baisse de contacts sociaux.
Marianne, 30 ans, témoigne à l’antenne: «Je me suis dit qu’avec le masque qu’on porte tout le temps, si je voulais faire une opération et qu’on ne le remarque pas trop, c’était le moment de passer le cap et de faire cette opération.» A l’inverse, la partie supérieure du visage est devenue une arme de séduction d’autant plus essentielle. Aussi, les injections - plus ou moins temporaires - au niveau du regard mais aussi les liftings connaissent eux aussi une hausse constante.
Télétravail et image de soi: des facteurs décisifs
Afin de freiner la propagation du virus, beaucoup d’entreprises ont dû généraliser le télétravail. Et pour continuer de plancher en commun sur des dossiers, la visioconférence est devenue l’outil incontournable de l’employé assigné à résidence.
Mais la webcam n’enjolive pas forcément l’image de soi, explique Philippe Azoulay, médecin esthétique parisien: «C’est comme si vous aviez devant vous un miroir pendant que vous êtes en train de travailler. Le fait de se regarder dans le miroir qui est la caméra de votre ordinateur portable ou votre téléphone peut être un peu difficile. Et des choses qui vous étaient étrangères avant, pour le coup, sautent aux yeux, peuvent engendrer un mal-être et nécessiter l’action d’un médecin.»
Et la Suisse d’être aussi largement concernée, rapporte encore «France Infos»: «On note une augmentation de 30%, indique le docteur Hervé Raspaldo, chirurgien spécialiste du visage à Genève. Cela touche toutes les générations, tous les métiers. On a des gens qui travaillent dans la finance, des avocats, des médecins qui n’arrêtent pas de faire des téléconférences et puis il y a tous les gens qui sont en télétravail».
Une volonté de modifier son physique qui ne concernait, avant la crise, qu’une frange de la population. Mais les réseaux sociaux aussi ont joué leur part auprès des plus jeunes qui, en contact permanent avec des images idéalisées, contribuent à faire exploser la demande. «Le culte de l’apparence devient une tyrannie depuis quelques années…», déplore la psychanalyste Catherine Grangear. Des actes pourtant pas si anodins, mais banalisés, et dont l’augmentation se révèle aujourd’hui exponentielle.
Plus d’épargne disponible
Boutiques et lieux de sortie bel et bien fermés, la baisse de la consommation et de dépenses en tout genre a permis à une partie de la population d’épargner. Un pécule mis de côté dont certains ont profité pour investir dans ce projet auquel ils pensaient depuis longtemps.
«À partir du moment où vous n’allez plus au restaurant, ni cinéma, ni au théâtre, voire vous ne voyagez plus ou nettement moins, a fortiori sur un plan comptable vous avez plus de trésorerie. Donc vous pouvez dépenser différemment», explique encore le docteur Azoulay.
Un argent dépensé à tort ou à raison. Car futiles pour certains, ces interventions se révèlent essentielles pour d’autres, dans la mesure où elles contribuent au bien-être et à l’acceptation de soi. Aucune injonction ne doit donc influencer le recours à l’injection…