Mode & BeautéMen’s Paris Fashion Week : défilé Jacquemus
CoverMedia
22.1.2019 - 16:09
Simon Porte Jacquemus poursuit sa narration enracinée dans le sud. Cette fois, ce sont les meuniers et les travailleurs agricoles qui ont inspiré pour le défilé de la Fashion Week parisienne automne-hiver 2019/2020 une ligne élégante, confortable et, à sa manière, streetwear.
Jacquemus, dont la collection Homme a été lancée l'été dernier avec un show à Marseille, fait partie des « jeunes » créateurs que les critiques et le public de la Fashion Week parisienne automne-hiver 2019/2020 attendaient avec impatience. Sans déception.
Prescience, don de double vue en ces moments où les travailleurs des campagnes et des petites villes ainsi que les chômeurs français ont décidé de faire entendre leur voix, même dans les beaux quartiers des grandes villes ? Simon Porte Jacquemus a placé son défilé sous le signe du vêtement de travail, plus précisément du meunier.
En guise de défilé, une longue table où des mannequins dont les vêtements évoquent ceux que portent des travailleurs agricoles ou d’une fabrique, et cassent la croute dans un univers qui évoque un passé heureux (miche de pain, motte de beurre, meule de fromage, verres Duralex de cantine).
Côté vêtements, cela donne : des surchemises de travail marron clair ou anthracite, des tenues avec des vestes à multipoches et des pantalons à poches à soufflets (beige, orange vif, marron, bleu marine) portées avec des chaussures de chantier ; des vestes de pluie à capuche, haut col montant, kaki ou sable, à boutons et élégamment surpiquée de fil blanc ; des pantalons doublés de pièces de renforcement en cuir ou en tissu de couleur différente ; des gilet sans manche et des gros gants de chantier…
L’équipement est là, élégamment décalé : surpiqûres créant des motifs, sur des pantalons en cuir, des pantalons devenant shorts, du rose pâle, des motifs de blé et de moulin à l’ancienne imprimés en beige sur blanc sur une chemise de forme africaine, veste ouatinée chinoise, mais bleu clair et à col de chemise classique, des chemises blanches, larges, ajourées et imprimées ton sur ton du motif blé en herbe. On découvre aussi un faux foulard noué sur le cou à la paysanne, mais en cuir blanc, ainsi qu'une étiquette Jacquemus en cuir largement étalée sur la poche.
Les superpositions sont mises en avant. La veste de pluie, plus courte, laisse voir un pull écru en grosse laine, qui en laisse voir un autre, de la même teinte mais à bords côtelés.
Les sacs et sacoches en cuir sont portés en bandoulière. D’autres longs sacs en toile à matelas ont une anse en cuir.
On ne sait pas bien où l’on se trouve… Dans un pays où pousse le blé (meunier oblige), où il fait froid et chaud (tailleurs blancs, chemises blanches en lin), et où un élégant jeune homme décalé et m’as-tu-vu trône au milieu des « travailleurs » dans un étincelant tailleur jaune d’or. Jacquemus nous raconte une jolie histoire, où le blé nourrit son homme et pousse près du moulin qui le moudra. Or le styliste prend soin de ne pas nous laisser y croire. Le temps ne se remonte pas. Mais le vêtement de travail peut se porter, aujourd’hui, au champ, à l’usine… et à la ville.
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