Mode & Beauté Milan Fashion Week Homme : défilé A/H 19-20 Marni

Chez Marni, on plébiscite un homme élégant, jeune, qui aime l’oversize et détourner les codes, revendique une liberté de geste et de ton, le mix and match. On y sent comme un petit souffle de sapeur africain, ce qui est un compliment !

Esprit frondeur, chez Marni. L’extravagance chic s’impose tout au long de ce défilé où la maîtrise de la technique des coupes (manteaux oversize structurés sans le montrer), la qualité des tissus, le sens aigu des détails, le souci de l’originalité s'imposent. Francesco Risso, qui préside à la création artistique de la marque depuis 2016, explique les cycles qu’il a souhaité présenter. Du costume classique qui explose avec de la laine bouclée, de la 3D, des moleskines, puis des pyjamas aux imprimés psychédéliques du dessinateur italien satirique et politique des années 1970, Bruno Bozetto, dont Risso dit qu’il est essentiellement l’antéchrist de Walt Disney. En dernier mouvement, du « classique débraillé », dissimulé, porté par des « enfants terribles du Paradis » (en français !). Pour tout dire, le défilé est maîtrisé de la tête aux pieds.

Cet amateur des couleurs qu’est Francesco Risso les a distillées avec bonheur tout au long du défilé. On retiendra des ocres fulgurants, des bleus magistraux, des oranges toniques, du rose bonbon, des rouges absolus. Les imprimés ne sont pas seulement psychédéliques, ils font appel aux carreaux, aux rayures, aux motifs foulards, tigrés, au léopard et au serpent (aussi pour les chaussures, qui sont d’une créativité folle).

Dire que les pantalons sont oversize serait encore en dessous de la réalité, ils sont larges, hyper longs au point qu’ils peuvent recouvrir la chaussure ou sont en partie rentrés dans des bottines. Ces pantalons se trouvent aussi bien dans le registre du pantalon de travail style Carhartt que du jogging resserré à la cheville, du jean ou du pantalon de cuir façon rocker.

Les vestes et manteaux, les doudounes courtes ou longues, les coupe-vents en tissu (carreaux ou mauve), les longs impers beiges aux doublures colorées, ou les demis manteaux aux bas et manches effilochés, les blousons en shearling colorés, se portent souvent en superposition sans rendre la silhouette éléphantesque. On s’amuse d’un costume pantalon jogging et sweater, en laine mousseuse rose bonbon (existe en jaune poussin ou en couleur ficelle), porté sur une chemise imprimée verte et orange. Des chemises mêlent différents tissus et imprimés dans un mix and match savant et réussi.

La fausse fourrure (en plus du travail sur la maille) est omni présente. Veste, manteau, pantalon et accessoires. On adore les énormes moufles en fausse fourrure léopard bleue, les gants tout aussi invraisemblables, surchargés d’énormes bagues improbables. Les immenses écharpes de laine tricotée ou en fausse fourrure colorée qui tiendront chaud, comme les bonnets d’aviateur en faux léopard et les bonnets de pluie en poulain ; le (faux ?) poulain aussi des pantalons rime avec le dessus léopard de certains mocassins.

Côté chaussures, on repère les boots à bout rond relevé et grosses semelles de caoutchouc, d’incroyables mocassins à pompons (hyperboliques) ou sans, d’autres mocassins ornés de minuscules anneaux d’oreille en piercing, des chaussures à la semelle jaune vif et au tissu imprimé qui reprend un motif que l’on rencontre sur une chemise. Le tout façon plateforme shoes.