Mode & Beauté New York Fashion Week : défilé printemps-été 2020 Prabal Gurung

Prabal Gurung a proposé pour son 10e anniversaire un défilé d’une grande élégance. Placée sous le signe des fleurs, et du questionnement sur l’être américain, sa collection printemps-été mixte retient l’attention.

Prabal Gurung est un styliste talentueux. Ce qui ne l’empêche pas de se considérer comme un militant, de plusieurs causes. De la mode inclusive, dans tous les sens du terme, d’abord, comme il le montre dans son défilé. Il est aussi l’un de ceux qui ont réagi contre l’engagement pour la réélection de Donald Trump du propriétaire d’un lieu où il devait organiser le défilé de son dixième anniversaire vers un espace de secours, Spring Studios, en l’occurrence. Mais il ne s’en est pas tenu là et a conçu ses vêtements et le défilé comme une séance de réflexion sur le concept « être américain ». C’est ainsi que ses 60 mannequins, d’origines et de tailles diverses, ont offert un tour de piste final ornés d’une bannière de Miss qui portait la phrase « Who gets to be American ? », (Qui arrive à être américain ?) une formule qui renvoie au débat actuel sur le statut des immigrants et, plus loin dans l’histoire à celui au statut de citoyen.

Les pièces du défilé elles-mêmes ne posaient pas la question, mais comment ne pas voir dans la succession d’entrée des couleurs des 18 ou 20 premiers modèles, une référence au blanc, bleu et rouge du drapeau américain ? La tenue 9, une robe bleu drapeau imprimée de motifs tie&dye bleu, blanc, rouge. Certains virent même dans le travail du jean, tissu emblématique des cowboys, et du port des santiags (homme et femme), une autre référence à l’univers historique fondateur du rêve américain et du « melting pot ». Mais la présence du jean et des santiags ou bottes de cowboy est trop fréquente pour être isolée comme un signal, à moins que les stylistes se soient donnés le mot, ce qui est peu probable.

On note donc, dans ce défilé (timidement) mixte, un savoir-faire indéniable pour le travail de découpe (jupe, top), un façonnage du jean brut tout en souplesse, un goût pour les superpositions, voire pour le « devant-derrière », du tailoring, de l’inspiration saharienne (veste ceinturée, multipoches plaquées). La plume légère fait un nuage délicat autour de superbes tenues de soirée ; le masculin d’un tailleur pantalon pour femme (violet) est contrebalancé par d’immenses manchettes en satin festonné. Les hommes portent de longs colliers en perles, les femmes des bijoux de cheville et de massif pendants d’oreille.

Les imprimés sont superbes, qui jouent pour beaucoup des motifs floraux à plus ou moins grande échelle, autant pour les tenues féminines que masculines, tandis que d’autres reprennent de délicats motifs en pointillés arrondis ou soleil qui font penser à ceux des mandalas ; Avec Prabal Gurung, le tie&dye sera présent le printemps prochain, les impers en plastique seront transparents et couleur pastel (vert, mauve), le pastel (jaune paille, bleu, amande, rose poudré) apportant un contrepoint aux rouge pompier, violet ou indigo.