Femmes Octobre Rose: le combat de Maud Ravier

CoverMedia

5.10.2020 - 19:08

L'esthéticienne française Maud Ravier.
L'esthéticienne française Maud Ravier.
Source: Covermedia

Les téléspectateurs connaissent Maud Ravier grâce à l’émission de M6, «Incroyables transformations», mais l'experte en maquillage permanent accompagne depuis près de 20 ans les femmes victimes du cancer. La spécialiste, qui offre la reconstruction de l’aréole mammaire dans ses instituts à l’occasion d’Octobre Rose, explique son combat à Cover Media.

Maud Ravier s’est engagée à aider les femmes atteintes d’un cancer du sein à ne pas perdre leur identité. Et pour la deuxième année consécutive à l’occasion d’Octobre Rose, la fondatrice des instituts Maud Dermo-Esthetic offre la reconstruction de l’aréole mammaire à celles qui en ont besoin. «Se faire reconstruire l’aréole coûte cher. Il faut compter entre 500 et 850 euros, donc oui, c’est très cher. S’il y a bien un mois où on peut faire la gratuité pour les femmes qui n’ont pas les moyens de le faire, c’est octobre rose. Je pense que tout le monde devrait faire pareil», confie Maud Ravier à Cover Media.

Cette reconstruction est gratuite tout le mois d’octobre dans les instituts, présents dans quatre villes de France – Paris, Lyon, Aix-en-Provence et Nancy – et les espaces beauté. Celle que les téléspectateurs apprécient dans «Incroyables transformations« sur M6 a également monté des écoles pour former d’autres esthéticiennes à ses techniques, notamment Life Repair, qu’elle a développée pour reconstruire celles et ceux abimés par les accidents de la vie. «Dans les trois écoles, si vous avez besoin de vous faire reconstruire après un cancer, c’est là qu’il faut aller pour la gratuité. Il n’y a aucun frais», ajoute-t-elle.

Un combat auquel elle est sensible depuis longtemps. Maud Ravier a commencé le maquillage permanent il y a 20 ans, ce qui l’a menée à travailler avec des chirurgiens. «J’ai eu la chance de collaborer avec des médecins, à partir du moment où l’un d’eux m’a prise sous son aile. Je faisais surtout du laser épilatoire et il m’avait engagée comme assistante. J’étais une petite main. Je faisais aussi du maquillage permanent et on a commencé à bosser sur tous les cas de cancer, jusqu’au jour où une de nos clientes a eu une ablation des deux seins, car elle était atteinte du gène BRCA2. Elle a dû subir une mastectomie à l’âge de 27 ans et elle m’a clairement dit "Maud, je veux me faire reconstruire, mais ça sera par toi". A l’époque, je ne le faisais pas, donc je lui dis que c’est impossible. Elle a insisté. Elle m’a dit "Prends ton temps, de toute façon, moi je ne suis pas à ça près. Prends le temps de ma reconstruction pour te faire former"», explique Maud Ravier.

Seul bémol à son combat: les réseaux sociaux

L'experte a alors croisé la route de Toni Belfatto, spécialiste en tricopigmentation (une technique de simulation du follicule pileux) et maquillage permanent. «Il était déjà très avancé dans cette technique et m’a formée», explique-t-elle. Aujourd’hui, la reconstruction des femmes victimes du cancer du sein est le cheval de bataille de Maud Ravier. «Je travaille avec de grands instituts comme l’Institut Rafael et l’Institut français du sein. Ils me font entièrement confiance. Eux réparent avec leurs chirurgiens, mais un chirurgien ne pourra pas mettre de couleur, alors que nous, on peut le faire. Juste avec une aiguille et des couleurs, on arrive à récupérer 50 à 70% du côté psychologique de la cliente. En réparant le physique, on répare aussi le psychologique», ajoute-t-elle, précisant: «Toutes me disent que c’est hyper important d’avoir pu rester ce qu’elles étaient, ce qu’elles sont, pendant la maladie, parce qu’elles peuvent se dire "Ok, tu es en train d’avoir mon sein, tu es en train d’avoir mon corps. Je vomis, je ne suis pas bien, mais par contre, tu n’as pas mon physique parce que je me suis bagarrée pour le garder". Beaucoup ne disent pas qu’elles sont malades. L’image qu’elles peuvent renvoyer, comment on est perçu dans la rue, quand on fait malade, ça leur met un coup au moral.»

Seul bémol à son combat: les réseaux sociaux et leurs règles de publication. «Sur Facebook ou Instagram, on n’a pas le droit de mettre une photo d’un sein avant/après, car c’est considéré comme de la pornographie. Donc c’est très difficile de pouvoir montrer ce qu’on est capable de faire. On sous-entend, on suggère avec les mains sur les seins. Mais la cliente/patiente ne peut pas se dire "C’est génial, je vais sauver mon sein" ou "Je vais ressembler à ça", à moins de se rendre sur le site Internet. C’est une aberration incroyable. Du coup, on ne peut que véhiculer par du rédactionnel, de l’écrit, mais ça n’est pas pareil. On ne se projette pas de la même façon. Et quand on est malade, on n’a pas forcément la force de faire des recherches approfondies, tandis que si l’image nous arrive, on peut peut-être avoir cette once d’espoir, cette force d’aller faire des recherches sur la technique», déplore Maud Ravier.

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