Mode & Beauté Paris Fashion Week Homme : défilé A/H 19-20 Ann Demeulemeester

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21.1.2019 - 15:58

Source: Covermedia

Esprit pirate, sombres couleurs réchauffées par des satins verts, des bordeaux ou violets éclatants, du militaire qui se fait détourner par du filet de pêche… Les propositions de Sébastien Meunier pour la saison d’hiver de la maison Ann Demeulemeester retiennent l’attention. Avec les codes en vigueur qu’il interpelle, le créateur a réussi son pari.

Le défilé Ann Demeulemeester à Paris lors de la Fashion Week Homme automne/hiver 2019-2020 a un côté pirate. Pas seulement parce que la plupart des mannequins portent un foulard à la façon d’un pirate des Caraïbes, des pantalons corsaire et une sorte de grigri en fourrure à la ceinture, mais parce que la marque de la très talentueuse créatrice belge, aujourd’hui retirée, pirate la mode et ses codes ambiants.

Pirater ne veut pas dire copier ou voler, oh non ! Pirater veut dire reprendre les codes, dont nombreux ont été mis en place par la fondatrice de la marque et le groupe des Six d’Anvers au fil des ans, et leur donner un vent frais de liberté. Sébastien Meunier, le directeur artistique de la maison, joue ainsi entre l’hommage (la continuité) et le renouveau avec maestria.

Hommage, parce que l’esprit rock – au sens large (noir, pantalons près du corps, débardeurs transparents, soie colorée, etc.) cher à Ann Demeulemeester est toujours présent, de même que son travail sur le déstructuré et les matières.

Renouveau car il joue sur les codes. Le premier qui est repris ici, mais avec un pas de côté : celui des genres. Le défilé est mixte, comme plusieurs autres de cette Fashion Week, mais si quelques femmes portent des tenues qui sont généralement du registre féminin, la plus grande partie des pièces masculines peuvent intégrer un vestiaire féminin. Sans pour autant entrer dans le registre de l’androgynie. La féminité déborderait plutôt sur le vestiaire masculin.

Ensuite, les couleurs, qui jouent avec la matière. Le noir, le kaki, le brun, le moutarde, les ocres et les nuances de beige, le blanc, sont bien présents, comme visiblement ils le seront massivement en 2019/2020 si le public suit les préconisations des nombreux stylistes qui les ont mis au programme. Mais ici, ils s’allient avec des teintes foncées (rouge), vives (vert, violet, jaune), pastel (rose, mauve) qui sont celles de tissus chatoyants, de satin, ou de velours dévoré.

Autres codes repris : les rayures, la fourrure (manteau, col, boa), le shearling, les carreaux, la maille extra souple, qui va jusqu’au filet de pêche, la transparence (des débardeurs), les imprimés petites fleurs (vestes et pantalons), les vestes et manteaux militaires, les superpositions et les pièces déstructurées. Alors pourquoi, malgré tout, une impression de nouveauté, de créativité stylée ? Le talent, sans doute.

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