Mode & Beauté Paris Fashion Week Homme : défilé A/H 19-20 Dior

Kim Jones annonce vouloir poursuivre la veine présentée lors du défilé de la Fashion Week Homme à Paris pour la collection automne-hiver 2019/2020 : du tailoring avec des aspects couture. Il l’a fait avec tant de grâce et de maîtrise que l’on est déjà impatient de voir le suivant.

Prévu initialement samedi, le défilé Dior a préféré éviter une confrontation avec celui des gilets jaunes et s’est donc tenu vendredi soir, en un lieu gardé secret jusqu’au dernier moment. Et comme il s’agissait du Champ de Mars, riche en évocations révolutionnaires (comme le soulignait le carton d’invitation) et sur le parcours des manifestations, l’idée de bouleverser le calendrier n’était pas sans fondement. Ce changement de programme n’a d’ailleurs pas empêché le tout-Paris et le monde de la mode le plus sélect de s’y retrouver. Et d’exploser en applaudissements, tant Kim Jones a plus que convaincu : séduit.

Le designer britannique a confié : « Je voulais capter l’art de la couture et l’âme de Paris. Je voulais quelque chose de vraiment parisien ». Il s’est donc efforcé tout à la fois de rendre hommage à Paris, comme le décor le prouve – une immense boîte noire traversée par un tapis roulant de 78 mètres de long sur lequel les mannequins posent, comme des statues vivantes de mode –, et à Monsieur Dior, comme il le nomme dans ses interviews. Des exemple ? Quand Kim Jones dit « avoir revisité l’imprimé panthère que Monsieur Dior a beaucoup utilisé dans son travail » (manteaux, sacs, tops, mais le tigre rugit aussi) ou ses amulettes grigris, de la collection personnelle de Christian Dior, devenues épingles de sûreté punk ornées du logo CD, ou l’usage de guêtres (modernistes, ici). Et encore, avec le fameux sac saddle réinterprété en sac (nylon ou fourrure) porté haut en bandoulière sur la poitrine.

Le tailleur, spécialité Dior s’il en est, se décline dans des nuances de gris (ardoise, clair, foncé), de bleu nuit, noir, taupe, brun foncé, ocre jaune, et anthracite, à la coupe Dior impeccable. On aime ce qui parfois les complètent et apportent une touche d’orientalisme et de féminité à des coupes sobres : des drapés de tissus assortis (l’un en soie poudrée bleu proviendrait d’une robe qui a été réalisée par Christian Dior en 1952), des écharpes, des ceintures, des étoles immenses, en laine ou en satin de soie.

On note des pantalons soyeux parme ou gris, du cuir, de la fourrure. Les volumes sont totalement maîtrisés. Les vestes, pantalons et manteaux sont taillés près du corps (pas de trace d’oversize). « Pour moi, le costume et la veste sont des éléments clés de Dior », explique le couturier, qui voit dans ce travail « sur-mesure, de la couture » les signes de « l’élégance ».

Le bi-matière et le bicolore décidément très prisés dans cette Fashion Week parisienne, se déploie, par exemple, sur un superbe tailleur bleu nuit en laine paré de pans en satin parme porté avec un pardessus en satin parme aux revers en laine assortis au tailleur. Doublures exposées ? Ou réversibles. « Parfois une veste est plus belle à l’intérieur qu’à l’extérieur, c’est une histoire en soi », se justifie Kim Jones.

Les images qui ornent tout au long de la collection des tops superbes (chemises, pulls en maille ou sweat à col roulé, « gilets de sauvetage », blousons), des étoles et des sacs à dos ont été dessinés, ainsi que la carte d’invitation présentant un sans-culottes, par Raymond Pettibon, un artiste américain punk dont les pochettes de disque avaient impressionné le jeune Kim Jones.

Le couturier chevronné a, pour son deuxième défilé Dior, convaincu.