Un renouveau du t-shirt crop et moulant agite la toile. Bonne ou mauvaise idée, les avis divergent.
Nous ne reviendrons pas sur les effets directs des réseaux sociaux sur les tendance mode. Aussi bien pour lancer des micro-tendances que pour en soutenir certaines propulsées par des stylistes qui ont pignon sur rue. Toutefois, les réseaux sociaux sont aussi prétexte à des échanges (personne n’oserait appeler cela des débats) sur la validité des tendances proposées.
Action / réaction est la règle de ces moyens de communications, qui ne déçoivent jamais à ce niveau. Aussi quand la jeune musicienne et artiste Jesse Jo Stark a mis en ligne sa minuscule ligne de merchandising pour accompagner sa tournée (qui n’eut jamais lieu pour les raisons que l’on connaît), cela a commencé à faire du buzz.
Deadly Doll (poupée mortelle), sa ligne de vêtements, est pile-poil destinée à son public ado, celui qui aime le gothique et les références à l’horreur. Mais ce qui a attiré attention et polémique est son mini t-shirt. Un t-shirt blanc basic, sauf qu’il est crop, hyper moulant, et par ailleurs recouvert de dessins pulpeux, à côté du logo de la collection. Les Anglo-Saxons appellent « baby tee » ce t-shirt crop parce qu’il semble être d’une taille enfant, destiné à mettre en valeur au maximum les seins de celle qui le porte.
Quelles sont les critiques à l'égard de ce baby t-shirt?
Bella Hadid et Kylie Jenner l’ont adopté, de même que des influenceuses pour ado. Mais le modèle original est rare. La jeune Jesse Jo Stark a beau prétendre que ses t-shirts n’ont pas été volés à son petit frère puisqu’ils sont réalisés dans des matières de qualité et qu’il faut plus d’un an pour les réaliser pour qu’ils soient « fabuleux », la tendance « moulée dans mon t-shirt » commence à déferler, et les critiques aussi.
Ces critiques sont essentiellement basées sur une accusation : en mettant ainsi en valeur les seins de jeunes filles, on les focalise sur la partie sexuée de leur corps et on les transforme en objet sexuel. Ce qui les expose à des risques d’agression, de harcèlement, et autres. Ce débat traverse l’histoire du vêtement féminin depuis des lustres, mais il prend une tournure moins moralisatrice (même si cela existe toujours!) qu’une mise en garde inquiète sur fond de #MeToo. Quand cette tendance, ou celle du t-shirt mouillé, a fait des émules dans les années 1990, le contexte était à la fois plus joyeux, plus provocant dans le sens de la revendication de la liberté des femmes de montrer ou non leur corps, de la manière qui leur convenait. Ce retour du « baby t-shirt » semble dépourvu de cette inspiration libératrice, du moins selon ses contemptrices!