Mode & Beauté Sonia Rykiel : un pavé dans la mare de la mode

Sonia Rykiel a lancé sa maison en mai 1968. Une incroyable coïncidence pour celle qui ne voulait rien moins que révolutionner la maille au féminin.

Quand Sonia Rykiel ouvre sa maison, à Paris là où elle est née, 6, rue de Grenelle en plein mai 1968, on aurait pu croire que le choix de la date d’ouverture (et de l’endroit, fameux en 68 mais pour ses Accords) aurait pu porter préjudice à la styliste à la crinière rousse qui s’était déjà fait remarquer par son travail très particulier de la maille. Mais au contraire ! Celle qui deviendra bientôt « la reine du tricot » est dans l’esprit révolutionnaire du moment.

Et toutes les femmes libres ou voulant l’être, se pressent dans sa boutique. Catherine Deneuve, Brigitte Bardot, Audrey Hepburn, Françoise Hardy et Sylvie Vartan, pour ne citer que des stars.

Elle invente la « démode », met le noir au pinacle, redonne vie aux rayures bayadère. Son esprit frondeur s’en prend à la structure même du vêtement, qui affiche désormais ses coutures, se passe d’ourlet et de doublure. Une vraie révolution.

Si on ajoute que ses vêtements en maille épousent le corps féminin, sont confortables et conçus pour des femmes actives qui ne visent pas à endosser l’uniforme masculin pour tenter de se fondre dans la masse, que leur féminité se caractérise par la qualité des matières et son sens pour les associer, avec l’introduction du lurex et du strass pour jouer les fausses princesses, qu’elle a très vite compris l’intérêt du sportswear et, du coup, a créé les premiers joggings chics, en velours, qu’elle a hébergé en ses vitrines de nombreux ouvrages féministes, on comprend que l’ouverture de la maison Rykiel est née sous la bonne étoile du changement.

Aujourd’hui, Sonia Rykiel est morte, sa fille Nathalie a démissionné de ses fonctions mais reste consultante. Julie de Libran en est la directrice artistique depuis quatre ans.

Pour célébrer dignement le cinquantenaire révolutionnaire, la marque a créé le sac Pavé parisien. Porté en bandoulière, mais en travers, s’il vous plaît ! Ce petit sac rectangulaire se décline aussi bien en couleurs pop (jaune, rouge, bleu) que dans des teintes plus classiques. Il a déjà tout du classique… quel paradoxe !