La jupe, et même la robe, pour homme sont-elles vraiment sur la voie d’intégrer le vestiaire masculin ? Différentes propositions, dont celles non négligeables de la griffe Louis Vuitton, semblent le laisser imaginer... mais imaginer, seulement ?
01.07.2021, 11:21
Covermedia
« Trouble dans le genre » est le titre d’un essai de la théoricienne queer Judith Butler qui date de 1990. Trente ans plus tard, la mode masculine exprime des questionnements qui relèvent d’une même réflexion sur la pertinence, et la permanence, des codes attachés aux genres.
Margiela, puis Demna Gvasalia, chez Vetements, avaient déjà utilisé les podiums pour présenter des collections aux frontières fluctuantes, et même poreuses, entre vêtements « féminins » et « masculins ». La fluidité n’est plus seulement un concept, elle s’incarne dans des modes de vie, des revendications et dans la mode.
Les femmes ont depuis longtemps pioché dans le vestiaire masculin, et même directement dans les collections masculines. Et cette année, c’est le vétéran de la mode italienne Giorgio Armani qui dessine des costumes pour hommes qui sont aussi coupés dans des tailles « femmes ». Pierre Mahéo, chez Officine Générale, a présenté à la Fashion Week des vêtements quasi identiques pour hommes et femmes : tailleurs, shorts, trenchs. Mais il n’échappera à personne que cette fluidité est à sens unique. Des vêtements masculins portés par des femmes. Si l’acte a été révolutionnaire et puni par la loi pendant longtemps, il est depuis passé largement dans les mœurs.
L’inverse l’est moins. Et c’est de ce côté que Virgil Abloh, le directeur artistique américain de Louis Vuitton Homme, est allé chercher. A partir d’un prétexte un peu spécieux (les longues jupes de kendo que les fans d’art martiaux connaissent bien sans y pressentir le moindre soupçon de féminité, sabre oblige), le styliste a parsemé sa collection de jupes, kilts, robes, longues ou courtes. « Ma génération ne croit pas aux frontières rigides entre les genres », déclare ce quarantenaire, un peu optimiste. Quant à Alejandro Palomo, de la griffe Palomo Spain, il se moque bien que ses vêtements soient considérés comme destinés à des personnes gays ou transgenres. « Mes vêtements sont pour qui veut les porter », affirme-t-il.
La période post-covid sera-t-elle celle de la jupe pour homme ?