Contre toute attenteRefouler ses pensées négatives serait bénéfique pour la santé!
Relax
26.9.2023 - 13:40
(ETX Daily Up) – Contrairement à certaines idées communément admises, le fait de refouler des émotions et pensées négatives ne serait pas néfaste pour la santé mentale. Des chercheurs affiliés à l'université de Cambridge, au Royaume-Uni, suggèrent même que cela permettrait de l'améliorer tout en rendant certaines préoccupations moins vives et manifestes.
ETX Studio
26.09.2023, 13:40
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«Nous connaissons tous l'idée freudienne selon laquelle si nous supprimons nos sentiments ou nos pensées, ces derniers restent dans notre inconscient et influencent notre comportement et notre bien-être de manière pernicieuse. L'objectif de la psychothérapie est de déterrer ces pensées afin de les traiter et de les priver de leur pouvoir. Ces dernières années, on nous a dit que la suppression des pensées était intrinsèquement inefficace et qu'elle incitait en fait les gens à penser davantage à ces pensées», débute le professeur Michael Anderson de l'université de Cambridge, dans un communiqué. Une croyance qui a fait de l'évitement des pensées négatives un comportement à contourner pour préserver sa santé mentale.
Face à la dégradation de la santé mentale des populations durant la pandémie de Covid-19, le chercheur a toutefois souhaité s'intéresser à un mécanisme cérébral, le contrôle inhibiteur, qui permet de bloquer des pensées ou actions automatiques qui n'ont pas lieu d'être pour se focaliser sur la réalisation d'une tâche spécifique. Avec le Dr Zulkayda Mamat, également affiliée à l'université de Cambridge, il a souhaité déterminer s'il était possible d'entraîner des personnes afin que ces dernières suppriment leurs pensées négatives. Pas moins de 120 participants ont été recrutés dans seize pays, puis ont été invités à penser à différents scénarios réalistes, dont vingt peurs et inquiétudes, vingt espoirs et rêves, et trente-six événements neutres, qui devaient être propres à chacun pour les inscrire dans la réalité.
Refouler les pensées liées à la peur et à l'inquiétude
Les participants devaient ensuite évaluer chaque scénario selon un certain nombre de critères, comme le niveau d'anxiété ou de bonheur associé, la fréquence de la pensée, l'intensité émotionnelle, puis ont auto-évalué leur santé mentale via un questionnaire; permettant aux chercheurs de déceler, par exemple, lesquels souffraient de dépression ou de stress post-traumatique. L'ultime exercice s'est déroulé par Zoom, où les participants ont été entraînés pendant vingt minutes par jour, pendant trois jours, à reconnaître et se rappeler de chaque scénario, en bloquant toute image ou pensée associée (pour les événements négatifs et neutres selon les groupes) et, au contraire, en imaginant les émotions ressenties en lien avec d'autres scénarios (pour les événements positifs ou neutres). A l'issue de cette expérimentation, ils ont une nouvelle fois évalué chaque scénario selon les critères susmentionnés.
Publiés dans la revue Science Advances, ces travaux ont d'abord montré que les événements que les participants ont tenté d'occulter étaient moins présents dans leurs pensées, et les préoccupaient beaucoup moins, que ce soit immédiatement après l'expérimentation, ou trois mois plus tard. Mais les conclusions révèlent également que le refoulement de ces pensées a eu un impact positif sur la santé mentale des participants, notamment ceux qui souffraient initialement de stress post-traumatique. Les chercheurs précisent que les scores des indices de santé mentale négatifs ont baissé en moyenne de 16% chez ces participants.
«Il est apparu très clairement que les événements que les participants s'entraînaient à supprimer étaient moins vifs, moins émotionnellement anxiogènes que les autres événements et que, dans l'ensemble, la santé mentale des participants s'améliorait. Mais l'effet le plus important a été observé chez les participants qui se sont entraînés à supprimer les pensées effrayantes plutôt que les pensées neutres», explique le Dr Mamat. Et le professeur Anderson de conclure: «Ce que nous avons découvert va à l'encontre des idées reçues. Bien que des travaux supplémentaires soient nécessaires pour confirmer ces résultats, il semble qu'il soit possible et même potentiellement bénéfique de supprimer activement nos pensées effrayantes».