Moments embarrassants Toutes les photos de famille n’ont pas leur place sur Internet

De Ricarda Dieckmann, dpa

27.8.2020

Prendre un selfie avec sa fille ne prend qu’un instant. Toutefois, il vaut mieux qu’il termine dans le bon vieil album photo traditionnel plutôt que de le poster sur les réseaux sociaux.
Prendre un selfie avec sa fille ne prend qu’un instant. Toutefois, il vaut mieux qu’il termine dans le bon vieil album photo traditionnel plutôt que de le poster sur les réseaux sociaux.
Getty Images

Une petite fille qui lèche sa glace, maman dans une pose peu flatteuse: les photos de famille sur les réseaux sociaux peuvent parfois être source d’embarras voire de mortification. Quelles sont les photos qu’il vaut mieux tenir à l’écart d’Internet?

Recadrées, retouchées, téléchargées. Pour les photos de famille, le chemin entre la mémoire du smartphone et le mur Facebook est souvent très court.

Tout le monde – qu’il s’agisse des parents ou des enfants – n’est pas toujours à l’aise avec ça. Comment les familles peuvent-elles bien gérer leurs photos sur Internet?

La plupart du temps, ce sont les parents qui partagent leurs photos de famille sur Internet. Toyah Diebel, cyberactiviste, constate qu’il s’agit surtout d’orgueil: «Tous les parents pensent que leur enfant est particulièrement beau, mignon et talentueux. Publier des photos sur Internet leur permet de le prouver.»

En revanche, il est plus rare que les enfants et adolescents mettent en ligne des photos de famille, déclare Kristin Langer, coach médias pour l’initiative «Schau hin! Was dein Kind mit Medien macht».

Droit à l’image

En matière de partage des photos de famille sur Internet, les cas d’incompréhension entre les générations ne sont pas rares: «Les parents pensent parfois, à tort, qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent des photos de leurs enfants», déclare Kristin Langer. «Le droit à l’image vaut pour chacun, dès la naissance en principe.»

Les parents doivent toujours garder à l’esprit qu’ils décident pour leurs enfants, du moins tant que ces derniers ne sont pas en mesure de le faire eux-mêmes.

Quelles sont les conséquences possibles, si un jeune trouve des photos de lui dont il n’a pas autorisé la publication? «Chez les jeunes, il peut justement exister un vif sentiment de honte, lié à la question: Qui pourrait voir ça?», continue Kristin Langer.

L’importance de l’empathie et de la communication

«La publication d’images doit être discutée en famille», déclare Friederike von Gross, directrice générale de la Gesellschaft für Medienpädagogik und Kommunikationskultur (GMK). Bien gérer le sujet repose sur deux piliers: l’empathie et la communication.

L’empathie est essentielle surtout pour les jeunes enfants qui ne savent pas encore ce qui se cache derrière Internet. Si les parents veulent absolument partager une photo, ils doivent faire preuve de prudence. Les moments personnels ou intimes – enfants légèrement vêtus ou en pleurs – auront davantage leur place dans le traditionnel album photo.

Prendre en compte la portée éventuelle des photos

Il est crucial que les parents prennent conscience de la façon dont la photo peut circuler sur Internet. Friederike von Gross conseille de se mettre à la place des potentiels spectateurs: «La photo d’un enfant qui lèche sa glace à la fraise est peut-être tout simplement mignonne pour ses parents… pour d’autres, elle peut avoir un effet érotique.»

Il est possible de sécuriser les photos d’enfants sur Internet. «En montrant l’enfant de dos ou en plaçant des émoticônes sur son visage, sa vie privée est protégée», explique Friederike von Gross.

Demander la permission aux enfants avant de publier

Avec des enfants plus grands, la communication prend une place plus importante. Les spécialistes conseillent d’initier les enfants aux réseaux sociaux dès l’école primaire et de leur demander s’ils n’ont pas d’objection au partage de photos d’eux. Les parents doivent montrer l’exemple. «Quand les enfants font remarquer: "Oh, mes parents publient n’importe quelle photo sans demander la permission au préalable", il y a de fortes chances qu’ils agissent de la sorte plus tard», estime Friederike von Gross.

Des deux côtés – parents comme enfants –, il faut apprendre à demander l’avis et que passer outre un «non!» est tabou. En cas de conflit, parents et enfants peuvent signer un contrat.

«Ainsi, tous peuvent déterminer ce qu’ils veulent – ou ne veulent pas – voir d’eux sur Internet», explique Kristin Langer.

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