DécryptageOù skier à Noël? L'Europe s'emmêle les spatules
Relax
27.11.2020 - 11:43
A l'approche des vacances de Noël, c'est la quantité de neige qui inquiète habituellement les amateurs de ski.
Mais cette année, ils doivent d'abord composer avec l'incertitude planant sur l'ouverture des stations, par crainte d'aggraver l'épidémie de coronavirus.
Entre l'Allemagne qui interdira ses pistes aux skieurs et l'Autriche qui ne veut pas sacrifier son tourisme, la saison de l'or blanc en Europe va démarrer en ordre dispersé.
L'UE n'entend pas imposer de règle commune, au grand dam de Berlin qui réclame une interdiction générale.
Pas de ski en Allemagne
La Bavière a tranché et n'ouvrira pas ses domaines skiables pour la fin d'année.
«Nous ne pouvons tout simplement pas envisager de vacances de ski classiques», estime le président du Land, Markus Söder.
Et gare à ceux qui voudrait traverser la frontière pour dévaler les pentes de l'Autriche voisine. Il leur en coûtera dix jours de quarantaine au retour, même pour une escapade d'une journée.
La France sans remonte-pente
Raquettes, luge, randonnée, traîneau oui, mais pas de ski alpin : en France, les stations pourront rouvrir durant les fêtes de fin d'année, mais les remontées mécaniques resteront à l'arrêt.
Cette annonce jeudi du gouvernement a été qualifiée «d'aberration» par les professionnels du secteur.
Les annulations, s'il n'est pas possible de faire du ski, seront «gigantesques», a prévenu Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France (DSF), opérateur des remontées mécaniques des 250 stations françaises.
D'autant que restaurants et bars doivent encore rester fermés jusque mi-janvier au moins.
Autriche et Suisse font de la résistance
Bien que l'Autriche soit à nouveau confinée jusqu'au 7 décembre, ses remontées mécaniques prévoient de redémarrer à temps pour Noël.
Le pays est la première destination de ski d'Europe et l'une des plus dépendantes du tourisme hivernal.
Une fermeture pour Noël serait «catastrophique non seulement pour nous, mais pour le pays tout entier», a déclaré à l'AFP le député conservateur Franz Hörl, directeur de l'Association des exploitants de remontées mécaniques.
Certains domaines ont déjà ouvert en Suisse et le pays, qui ne fait pas partie de l'UE, entend combiner protocoles sanitaires et impératifs économiques pour ouvrir ses stations durant les fêtes.
En Bulgarie, la station de Bansko, Mecque européenne du ski «low cost», prévoit également d'ouvrir alors que le pays affronte une flambée de l'épidémie et une saturation des services hospitaliers.
Italie et Espagne attentistes
Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a évoqué cette semaine l'idée d'une coordination avec la France et l'Allemagne en vue d'un «protocole européen commun» sur la saison de ski.
«Il n'est pas possible de permettre des vacances à la neige, nous ne pouvons pas nous le permettre», a-t-il affirmé.
Les principales régions de ski (Piémont, Lombardie ou Haut-Adige) se trouvent actuellement en zone épidémique «rouge» où tous les déplacements en dehors de sa propre commune sont interdits, sauf raisons motivées.
La négociation est ouverte entre Rome et ces régions, qui craignent d'importantes conséquences économiques en cas de fermeture prolongée des domaines.
Giovanni Brasso, patron de la société qui gère le domaine Via Lattea à Sestrières explique gagner «45% de (ses) revenus pour toute la saison pendant les vacances de Noël».
L'Espagne prévoit pour l'instant d'ouvrir ses stations de ski, mais les conditions restent à définir entre le gouvernement central et les régions, selon le ministre de la Santé, Salvador Illa.
«Pour l'instant, nous prévoyons d'ouvrir le 11 décembre (...) personne ne nous a dit qu'on ne pouvait pas ouvrir», a indiqué à l'AFP une porte-parole du gestionnaire privé de la grande station de Baqueira Beret située dans le Val d'Aran (Catalogne). La station propose toutefois sur son site des assurances en cas d'impossibilité de skier à cause de la pandémie.
Bruxelles renvoie la balle
La Commission européenne estime que la décision d'ouvrir les stations revient aux gouvernements.
«La première chose à savoir est que la décision d'autoriser ou non le ski est une compétence nationale. Ce n'est pas une compétence européenne», a mis au point un porte-parole de la commission Stefan de Keersmaecker.
Et «de toute évidence, a-t-il ajouté, il n'y a pas d'approche unique pour la levée graduelle, scientifique et efficace des mesures de confinement».