Un an après le Diamond Princess Un an après le Diamond Princess, les croisiéristes pressés de reprendre le large

Relax

19.2.2021 - 09:41

Il y a un an, David Abel et son épouse Sally enduraient l'interminable quarantaine du Diamond Princess, paquebot bloqué près des côtes japonaises à cause du coronavirus à bord.

Quand le Diamond Princess est arrivé devant le port de Yokohama, près de Tokyo, le 3 février 2020, rien ne présageait les épreuves à venir...
Quand le Diamond Princess est arrivé devant le port de Yokohama, près de Tokyo, le 3 février 2020, rien ne présageait les épreuves à venir...
Kazuhiro NOGI / AFP

Mais aujourd'hui, ils ont hâte de repartir en croisière.

Comme quelque 700 autres passagers, ce couple britannique avait été infecté et la quarantaine imposée sur le bateau par les autorités japonaises avait tourné au désastre, se soldant par 13 décès.

«Nous sommes impatients de reprendre la mer», a pourtant déclaré M. Abel ce mois-ci sur sa page YouTube, expliquant avoir déjà réservé cinq croisières pour 2021-2022.

Le secteur mondial des croisières compte s'appuyer sur ce genre de clients enthousiastes pour naviguer de nouveau en eaux calmes, après une longue pause forcée par la pandémie.

Des signes de reprise

Des analystes ne s'attendent pas à un retour à la normale pour les croisières avant le second semestre 2021 au plus tôt. Mais ils aperçoivent déjà des signes de reprise, avec une hausse des réservations en parallèle de celle des vaccinations dans le monde.

«Beaucoup de fans de croisières hésitent à réserver pour le moment, et je comprends tout à fait», ajoute M. Abel. Il croit cependant qu'elles seront «l'un des modes de vacances les plus sûrs» du monde post-pandémie.

Quand le Diamond Princess est arrivé devant le port de Yokohama, près de Tokyo, le 3 février 2020, rien ne présageait les épreuves à venir.

Expérience «incroyablement irréelle»

A l'époque, le nouveau coronavirus avait causé officiellement 425 décès, tous en Chine, et l'épidémie semblait lointaine pour le reste du monde.

Vingt cas d'infections avaient été relevés au Japon, et les restrictions d'accès au pays ne concernaient que les voyageurs de la province chinoise du Hubei, où l'épidémie avait commencé fin 2019 dans la métropole de Wuhan.

Quelques jours plus tôt, un passager du Diamond Princess avait été testé positif après son débarquement à Hong Kong. Aussi le 4 février, les autorités japonaises décidaient de placer en quarantaine le bateau, avec ses 2.666 passagers et 1.045 membres d'équipage.

Des tests menés laborieusement avec les premiers dispositifs de diagnostic du Covid-19, pas toujours fiables, ont révélé l'ampleur de la crise sanitaire à bord, malgré le confinement des passagers dans leurs cabines.

Rétrospectivement, l'expérience était «incroyablement irréelle», raconte à l'AFP Sarah Arana, une travailleuse sociale américaine de 54 ans, disant n'avoir «aucun regret» car elle a pu assister aux balbutiements de la lutte contre la future pandémie.

Un an plus tard, de lourdes restrictions pèsent sur les navires de croisière. Le Canada leur a interdit ses eaux jusqu'en février 2022, et les Etats-Unis déconseillent d'y embarquer.

Les autorités sanitaires américaines ont cependant publié des règles pour permettre une reprise progressive, demandant aux navires d'avoir un laboratoire à bord pour tester les passagers, d'imposer le port du masque et de limiter les voyages à sept jours.

Reprise des réservations

Il n'est donc pas surprenant que beaucoup de croisiéristes soient toujours à quai: Carnival Cruises et Norwegian Cruise Line visent une reprise en avril et mai, respectivement.

Mais il y a des motifs d'espoir, note Patrick Pourbaix, directeur général pour la France, la Belgique et le Luxembourg de MSC Croisières, qui a relancé ses excursions en Méditerranée dès août dernier.

Ses réservations dans le monde sont revenues à 60% des niveaux d'avant-pandémie pour cet été, et à 80% pour l'hiver 2021-2022: ce n'est «pas brillant, mais pas catastrophique», estime M. Pourbaix.

Un ancien membre d'équipage philippin du Diamond Princess, souhaitant rester anonyme, a confié à l'AFP avoir hâte de retravailler malgré son expérience traumatisante.

«On savait que le virus se répandait mais on nous demandait de travailler», se souvient-il. «On avait très peur». Cependant, être sans emploi depuis a été «très difficile et stressant», et il pense que les opérateurs assureront dorénavant la sécurité des équipages.

Matthew Smith, un avocat américain, et son épouse gardent des souvenirs bien différents de leur croisière sur le paquebot: une «expérience très malheureuse» pour elle mais «une aventure» unique pour lui.

Mme Arana, elle, jure qu'elle ne remettra pas les pieds sur un navire de croisière. Mais après sa quarantaine à bord, offre ce conseil aux futurs passagers: «Prenez une cabine avec balcon!»

Retour à la page d'accueil

Relax