Un derby Milan – Inter en demi-finale de Ligue des Champions était dans l'ordre des choses il y a 20 ans, tant le Calcio était au sommet. Mais revoir cette affiche en 2023 a tout d'une sacrée surprise, quelques mois après un Mondial sans l'Italie.
«C'était un espoir et une possibilité après le tirage au sort, c'est une réalité: une équipe italienne sera en finale de la Ligue des champions six ans après», s'étonne presque le Corriere dello Sport. La Juventus est la dernière à y être parvenue, en 2017, battue par le Real Madrid (4-1).
L'AC Milan, en remportant le duel italien des quarts contre Naples (1-0, 1-1), et l'Inter Milan, qualifié aux dépens du Benfica Lisbonne (2-0, 3-3), se disputeront lors d'un derby forcément brûlant un billet pour une finale où ils seront forcément outsiders, contre le Real Madrid ou Manchester City. Ce sera le 10 juin à Istanbul, dans le stade où les Rossoneri ont perdu une finale mémorable contre Liverpool en 2005.
«La ville de Milan a repris pied en Europe. Dans une saison folle, avec une Coupe du monde disputée en novembre et décembre, le derby entre Milan et l'Inter en demi-finale, vingt ans après, remet les choses en place entre le football italien et son histoire», s'enthousiasme jeudi la Gazzetta dello Sport.
Quelques mois après un nouveau Mondial sans l'Italie, le football azzurro ne boude pas son plaisir. Même si le sélectionneur Roberto Mancini a déjà prévenu que ce printemps surprise en C1 n'allait pas résoudre la pénurie de grands attaquants pour sa Nazionale. Les deux clubs milanais s'appuient en effet sur des buteurs étrangers.
Fumigènes et «revanche»
C'est la troisième fois que les deux rivaux de la Madonnina, le nom de la vierge surplombant le Duomo de la capitale lombarde, donnant son nom au derby, vont s'affronter dans la prestigieuse compétition européenne. Mais les deux précédents remontent à une époque où la Serie A attirait encore les plus grandes stars du ballon rond, avant l'inexorable montée en puissance de l'Angleterre.
En 2003, c'était déjà en demi-finale. Deux ans plus tard, ce fut lors d'un quart de finale électrique dont le retour n'était pas allé à son terme en raison de jets nourris de fumigènes de la part des tifosi intéristes, dont l'un avait atteint le gardien rossonero Dida.
Les deux fois, le Milan entraîné par Carlo Ancelotti s'était qualifié, confirmant son statut de club italien no 1 sur la scène européenne. Avec sept couronnes, la dernière remontant à 2007, Milan est le deuxième club le plus titré en C1 derrière l'ogre Real Madrid (14).
Mais l'Inter est bien décidée à ce que l'histoire ne se répète pas. Dernier club italien sacré en Ligue des champions, en 2010 sous les ordres de José Mourinho, la formation nerazzurra a remporté les deux derbys milanais déjà disputés en 2023, en janvier en Supercoupe d'Italie (3-0) puis en février en championnat (1-0).
Pour espérer conquérir une quatrième C1, les Nerazzurri peuvent compter sur un entraîneur véritable spécialiste des coupes, Simone Inzaghi, vainqueur de deux Coupes d'Italie et quatre Supercoupes d'Italie en six ans.
Mais aussi sur la soif de revanche de leur président Steven Zhang, qui a fait une rare apparition devant les micros mercredi soir après la qualification pour lancer le derby: «Pour nous, ce derby est une chance de revanche sur l'histoire et sur la saison dernière», où Milan avait soufflé leScudetto à l'Inter au terme d'un sprint haletant.