Mondial 2018Allemagne, Espagne: même échec, même révolution, même combat?
ATS
2.7.2018
Après avoir rencontré tant de succès des dernières années, l'Allemagne (titre mondial en 2014, finale de l'Euro 2008 et demi-finales dans tous les tournois de 2006 à 2016) et l'Espagne (titre mondial en 2010 et d'Europe en 2008 et 2012) ont subi des échecs inattendus en Russie. Comment réagiront ces deux pays?
Un match nul contre les Pays-Bas (1-1), un autre presque honteux contre la Lettonie (0-0) et, pour finir, une défaite contre la République tchèque (2-1) synonymes d'élimination dès la phase de poules. L'heure est à l'état de lieux, un changement en profondeur nécessaire.
Nous sommes en 2004, au sortir d'un Euro qui s'est avéré catastrophique pour une équipe d'Allemagne finaliste de la Coupe du monde deux ans plus tôt. Un séisme dont les secousses ont eu pour conséquence une révision presque totale des principes du jeu de la Mannschaft. Avec, pour architectes, Jürgen Klinsmann et son assistant Joachim Löw.
Le parallèle avec ce que traverse l'Espagne est évident. Indomptable entre 2008 et 2012 (un titre mondial et deux titres européens), dans le sillage d'un Barça monumental à cette époque, la Roja est devenue une équipe presque banale. Fidèle aux préceptes qui l'ont portée vers les sommets même si elle n'en a plus vraiment les capacités. L'Espagne n'est plus qu'une caricature d'elle-même, empêtrée dans un jeu de conservation de balle qu'elle arrive de moins en moins à sauver de la stérilité.
Parce que Xavi - ce génie qui a réinventé le jeu - n'est plus là, parce qu'elle ne peut plus s'appuyer sur des attaquants de la trempe de Fernando Torres (2008) ou de David Villa (2010), ni sur des milieux de terrain capable de faire les différences même quand il n'y a plus personne devant (2012). Elimination dès la phase de poules en 2014, puis deux sorties en 8e de finale en 2016 (contre l'Italie) et 2018 (dimanche face à une Russie très limitée): non, l'Espagne n'y arrive plus.
Ne devrait-elle pas alors opérer une mue et se montrer moins dogmatique? Car une chose saute aux yeux: la Selección n'a plus les moyens de ses ambitions, entre une défense centrale fébrile, des latéraux toujours généreux mais à bout de souffle dans la zone de décision et des milieux certes surdoués (Isco) mais souvent trop scolaires (David Silva).
Trompe-l'oeil
L'Allemagne l'a fait, changeant son approche du jeu avec un bonheur certain (titre mondial en 2014, finale de l'Euro 2008 et demi-finales dans tous les autres tournois de 2006 à 2016). Mais, là aussi, un changement s'impose.
Il est un révélateur qui ne trompe que rarement: la Ligue des champions. Le fantastique triplé du Real Madrid peut n'être qu'un trompe-l'oeil et en dit probablement bien plus sur la suprématie de la Liga que sur celle du futbol. Parce que la Maison blanche est avant tout une collection de stars venues des quatre coins du monde au style de jeu difficilement définissable que l'on pourrait résumer par la culture de la gagne.
Les performances européennes de l'Atletico Madrid sont également trompeuses, en ce sens que la copie proposée par l'entraîneur Diego Simeone est l'antithèse de celle qu'entend normalement livrer la Roja.
Car l'Espagne continue de fonder son jeu sur l'école d'un Barça qui n'a pas franchi les quarts de finale de la Ligue des champions lors des trois dernières saisons. Parce que le football évolue. Et le constat vaut aussi sûrement pour l'Allemagne qui, depuis l'apothéose de 2012/13 et cette finale de C1 Bayern Munich - Borussia Dortmund, n'a plus jamais réussi à placer un de ses clubs en finale.
Humilité
La Fédération espagnole (RFEF) fera-t-elle preuve de suffisamment d'humilité pour se remettre en question et désigner un sélectionneur capable de mener à terme cette révolution nécessaire? Plus facile à dire qu'à faire dans un pays si fier - et à raison! - de son identité footballistique.
La tentation de se dédouaner en prétextant l'accident de parcours ou les erreurs de casting est grande. L'Italie, persuadée qu'elle détient la vérité tactique, en sait quelque chose, elle qui n'arrive pas encore tout à fait à accepter le fait qu'après avoir dominé le football mondial, elle se retrouve à la traîne, loin derrière les cadors.