On a beaucoup vanté la jeunesse et l'enthousiasme de l'Italie. Vendredi en quarts de finale de l'Euro contre la Belgique à Munich, elle aura aussi besoin de l'expérience des grognards Giorgio Chiellini et Leonardo Bonucci face à l'affamé Romelu Lukaku.
«D'un côté, Bonucci-Chiellini, de l'autre, Lukaku... Qui va gagner?» La question peut rapporter gros – une place en demi-finale à Wembley – et a tourmenté cette semaine la presse italienne, qui depuis deux ans voit le redoutable attaquant belge bousculer les défenses et enfiler les buts en Serie A, avec l'Inter Milan.
Mais le milieu italien Jorginho, à qui elle était adressée, y a répondu sans stress et avec le sourire: «On espère que c'est Bonucci et Chiellini, à deux contre un...»
L'Italie a une grande confiance dans sa vénérable charnière turinoise (215 sélections à eux deux), mais un doute subsiste de la voir vendredi.
Car Giorgio Chiellini, blessé à la cuisse gauche lors du deuxième match contre la Suisse, reste incertain. Forfait lors des deux derniers matches, le capitaine a repris l'entraînement, mais la décision de le titulariser ou non ne sera sans doute prise que peu avant le coup d'envoi.
Astuce et gestes «souterrains»
En cas de nouvelle absence de Chiellini, qui à bientôt 37 ans dispute sans doute son dernier grand tournoi avec l'Italie, Bonucci serait de nouveau associé au défenseur de la Lazio Francesco Acerbi.
Depuis son arrivée à Milan, à l'été 2019, l'Italie a vu progresser «Big Rom» sous les ordres d'Antonio Conte. «Tactiquement, je suis devenu plus fort, ce qui me permet d'être plus frais devant le but», explique le Belge, champion d'Italie avec les Nerazzurri.
Pour autant, un sacré défi l'attend, d'autant plus si la charnière est reconstituée.
«Depuis plus de dix ans, Bonucci et Chiellini se connaissent à merveille», rappelle à l'AFP l'ex-international italien Aldo Serena.
«Ils ont des réflexes communs l'un par rapport à l'autre, beaucoup d'expérience et savent jouer d'astuce, utiliser des gestes un peu souterrains, des petites fautes, fruits de tant d'années de match ensemble», ajoute-t-il.
Lukaku n'a jamais marqué quand il était opposé aux deux ensemble, que ce soit avec la Belgique (1 victoire, 1 défaite), Manchester United (1 défaite en Ligue des champions contre la Juventus) ou l'Inter (1 victoire contre la Juve).
Il n'a pas non plus marqué quand Bonucci était aligné sans Chiellini (2 défaites avec l'Inter).
«Moches et méchants»
Outre leur immense expérience, les deux grognards azzurri ont une grosse envie de revanche après avoir raté le Mondial m2018, une première depuis 60 ans pour l'Italie. Tous deux étaient sur le terrain lors du barrage perdu contre la Suède (0-1, 0-0).
«La volonté de se refaire est immense. On a réussi à transformer la déception en enthousiasme et en envie de bien faire», expliquait avant l'Euro Chiellini, très motivé en ouverture contre la Turquie (3-0).
Bonucci ne cesse lui de marteler les mots «humilité» et «pieds sur terre»: «On a entamé un chemin important. Mais si on abaisse, ne serait-ce qu'un instant, notre attention, nos sacrifices, on devient une sélection normale», disait-il avant le huitième de finale contre l'Autriche (2-1 ap).
En prévenant qu'il ne suffirait pas aux Italiens de bien jouer pour aller loin mais aussi de savoir redevenir, parfois, «moches et méchants» pour aller chercher ou préserver une victoire.
Pour éviter à Lukaku de se retrouver pris dans la tenaille Chiellini-Bonucci, le sélectionneur belge Roberto Martinez pourrait décaler son buteur sur la droite de l'attaque, selon des médias belges. La tactique avait fonctionné face au Brésil (2-1) en quart de finale du dernier Mondial et lors de la phase des poules lors de la 2e période face au Danemark (2-1).
«Big Rom», lui, se donnera le moral en consultant d'autres statistiques: il a trouvé les filets à chaque fois qu'il a rencontré le gardien italien Gianluigi Donnarumma, avec 4 buts en 4 matches contre l'AC Milan.