Les grandes nations ont très souvent imposé leur loi dans les phases finales des championnats d'Europe. Mais les sacres du Danemark en 1992 et de la Grèce en 2004 prouvent que des surprises demeurent possibles au très haut niveau.
La Suisse doit pouvoir s'inspirer de ces deux exemples, même si le chemin est désormais encore plus ardu avec 24 formations en lice. Les Danois, invités de dernière minute à la suite de l'exclusion de l'ex-Yougoslavie, avaient misé sur une approche détendue de la compétition, les Grecs sur leur discipline de fer.
Désormais régulièrement invitée à la table des grands, la Suisse ne peut toujours pas prétendre faire partie des favoris. Ni même à un statut de sérieux outsider. Si vous pariez sur une victoire finale de la sélection de Vladimir Petkovic le 11 juillet, vous recevrez ainsi environ 70 fois votre mise.
Avec une telle cote, la Suisse se retrouve donc dans le "ventre" mou du classement des bookmakers, loin des principaux favoris comme la France, mais tout de même mieux considérée que les "petites" nations. Son statut ressemble ainsi fortement à celui du Danemark de 1992 ou de la Grèce de 2004.
Relâchement ou discipline
Le Danemark avait brillé par son relâchement, qu'il est bien difficile de trouver lorsqu'on doit composer avec la pression. Les Scandinaves n'avaient véritablement rien à perdre à l'heure de se rendre en Suède pour une phase finale qu'ils n'avaient de toute manière pas eu le temps de préparer.
Ce relâchement, teinté d'insouciance, était bien leur atout principal. Avant leur premier match face à l'Angleterre, l'entraîneur Richard Möller Nielsen leur avait simplement dit: "Ne vous faites pas honte." Leur passage dans un fast-food après une séance d'entraînement est tout autant légendaire.
La Grèce avait pour sa part abandonné son relâchement méditerranéen en engageant Otto Rehhagel comme entraîneur. Mais le style autoritaire de l'Allemand, aux tactiques présumées dépassées, a porté ses fruits au-delà de toute espérance. Sans panache, mais avec une efficacité redoutable.
Les Grecs ont ainsi obtenu six succès consécutifs pour décrocher leur ticket pour le tour final au Portugal. La phase à élimination directe a épousé un scénario limpide: trois matches, trois succès 1-0 face à la France, la Répulique tchèque puis le Portugal, avec à chaque fois un but inscrit de la tête sur un corner.
La chance
Même les grands ne peuvent guère s'en passer, et certainement pas les petits: la chance doit être de leur côté de temps en temps. Les Danois avaient ainsi battu les Pays-Bas en demi-finale aux tirs au but. Et lors de la finale face à l'Allemagne (2-0), l'arbitre suisse Bruno Galler aurait pu siffler une faute avant le premier but.
Les Grecs, qui ont fêté leur victoire-surprise grâce à une approche ultra-défensive, n'ont quant à eux ironiquement survécu au tour préliminaire que grâce au plus grand nombre de buts marqués. Ils affichaient la même différence de buts que l'Espagne, mais avaient marqué quatre fois contre seulement deux pour la Roja.
Les pierres angulaires
Les "petites" équipes ne possèdent pas le même réservoir de joueurs de haut niveau que les grandes nations. Elles doivent pouvoir s'appuyer sur la forme étincelante de leurs meilleurs éléments. Pour les Danois, le gardien Peter Schmeichel a tenu la baraque tant et plus, Brian Laudrup brillant quant à lui en attaque.
Otto Rehhagel a lui aussi a pu compter sur ses meilleurs joueurs au moment le plus opportun. Le gardien Antonios Nikopolidis a sorti le grand jeu durant l'été 2004, tout comme le capitaine Theodoros Zagorakis et l'attaquant Angelos Charisteas, auteur de deux des trois buts grecs lors des matches à élimination directe.
L'entraîneur
Le choix de la bonne personne au poste d'entraîneur ne se révèle qu'au moment décisif. Richard Möller Nielsen ne bénéficiait ainsi d'aucun capital-sympathie au Danemark avant l'été 1992. Quant à Otto Rehhagel, le style ultra-défensif qu'il prônait pouvait difficilement plaire. Mais seul le résultat final compte.