Mondial 2018Didier Deschamps et son extraordinaire bonne étoile
par Julien Pralong
4.7.2018
Peut-être est-ce parce qu'il se sait protégé par son extraordinaire bonne étoile - la fameuse "chatte à DD" - quec Qu'il laisse venir les événements en attendant, patiemment, de saisir la bonne occasion quand celle-ci se présente.
On l'a souvent entendu, la France de Deschamps n'a pas d'identité footballistique propre, si ce n'est celle de la gagne, peu importe la manière. A l'opposé d'un dogmatique, le sélectionneur préfère visiblement sentir les coups sur le moment, prendre la température et ajuster. Quitte à donner l'impression d'un certain désordre ou d'une navigation à vue.
Le reproche a été adressé de manière appuyée à Deschamps au sortir du premier match des Bleus à la Coupe du monde, contre l'Australie. Une victoire poussive (2-1) mais, surtout, un système en 4-3-3 que DD semblait avoir mis de côté lors de la préparation. Les Français auraient donc perdu ce temps si précieux de l'avant tournoi.
Possible, mais Deschamps balaie les critiques comme il nettoyait les ballons dans le rond central durant sa carrière de joueur. Et le sélectionneur, qui "sent" le football comme peu d'autres, n'hésite pas à rechanger pour le deuxième match, celui de la qualification contre le Pérou (1-0), avec les retours dans le onze titulaire d'Olivier Giroud et de Blaise Matuidi, le tout dans une organisation annoncée en 4-2-3-1 mais que beaucoup considèrent - par exemple Matuidi, pas plus tard que mardi en conférence de presse - comme étant un 4-4-2.
Acte fondateur
Alors, il tâtonne Deschamps ? Il ne sait pas ce qu'il veut ? Il n'obtient rien de ses joueurs, ou du moins pas assez ? Tout le contraire. Que l'on trouve le jeu des Bleus attractif ou pas, le fait est que la France, transparente en 2008 ainsi qu'en 2010 (élimination dès les poules), à peine moins livide en 2012 (sortie en quart de finale), est sur une série positive depuis que le capitaine des champions du monde de 1998 est à la barre: quart de finale (très serré) contre l'Allemagne au Mondial 2014 et finale (très frustrante) à l'Euro 2016.
Or les Bleus sont toujours là et bien là, en Russie, après avoir sorti l'Argentine. Ce qui, quoi qu'on en dise, n'est pas une mince affaire. Quand même inquiète de son début de tournoi, la délégation française a vécu cette victoire spectaculaire (4-3) face à l'Albiceleste de Messi comme une libération. Comme la confirmation que la route empruntée n'était pas si mauvaise que cela.
On a dit Deschamps très ému dans le vestiaire après la qualification. Un peu, sans doute, comme ce soir de novembre 2013 contre l'Ukraine quand, dos au mur, les Bleus étaient allés arracher leur billet pour la Coupe du monde au Brésil au bout d'un barrage angoissant. Un match qui avait fait date et marqué le véritable acte de naissance du groupe.
Confiance
Ce sera désormais au tour de l'Uruguay d'essayer de plumer le coq, vendredi à Nijni Novgorod. La Celeste, qui n'a pris qu'un but en quatre matches, est solide et ô combien compliquée à manoeuvrer. Mais ne peut-on pas dire exactement la même chose de cette France qui dispose également de sacrés joueurs en attaque pour faire les différences ?
Ainsi va l'histoire actuelle de l'équipe de France, qui s'invente presque de jour en jour. De cette sélection qui peut se permettre de ne pas vraiment savoir qui elle est et de remettre à plus tard, donc en plein coeur du Mondial, son chantier fondateur. Une telle confiance, en soi et en la "chatte à DD", peut emmener les Bleus très loin.