Mondial 2018 Disputer le Mondial à 45 ans et 161 jours: le record énorme d'El-Hadary

ATS

25.6.2018

Essam El-Hadary a fait tomber le record mythique détenu jusqu'alors par le gardien colombien Faryd Mondragon. En disputant le 3e match de l'Egypte contre l'Arabie saoudite, l'ancien gardien du FC Sion est devenu, à 45 ans et 161 jours, le joueur le plus âgé à disputer une phase finale d'un Mondial.

L'émotion a été forte pour le gardien et capitaine egyptien, Essam El-Hadary, qui devenu ce lundi le joueur le plus âgé à disputer une phase finale de Coupe du monde.
L'émotion a été forte pour le gardien et capitaine egyptien, Essam El-Hadary, qui devenu ce lundi le joueur le plus âgé à disputer une phase finale de Coupe du monde.
Keystone

Le doyen des "Pharaons" est plus que jamais immortel! Le mythique gardien égyptien Essam El-Hadary, aligné d'entrée de jeu lundi face à l'Arabie saoudite, est enfin devenu à 45 ans et 161 jours le joueur le plus âgé à disputer une phase finale de Coupe du monde.

Et pour marquer le coup, l'ancien dernier rempart du FC Sion a même arrêté un penalty, avant de céder sur un second. La défaite 2-1 est cruelle, mais l'histoire est belle.

Déjà légendaire sur le continent africain, El-Hadary a fini par entrer dans les annales du Mondial... même si l'attente fut longue. Car malgré quatre CAN à son palmarès (1998, 2006, 2008, 2010) et plus d'une vingtaine de trophées décrochés, le portier n'avait jamais pu disputer jusqu'à présent le plus grand tournoi de la planète, compétition qui se refusait à l'Egypte depuis 1990.

Plus d'un quart de siècle plus tard... et deux matches du Mondial 2018 passés sur le banc, sa patience a finalement été récompensée par un drôle de record du monde: titularisé contre l'Arabie Saoudite, Essam El-Hadary devient le joueur le plus âgé à disputer une Coupe du monde en effaçant la marque détenue par le gardien colombien Faryd Mondragon (43 ans et trois jours) depuis 2014.

"C'est un peu triste pour moi mais s'il le fait, il faudra lui tirer notre chapeau parce qu'arriver à disputer une Coupe du Monde à 45 ans, c'est vraiment une valeur ajoutée", avait rendu hommage le Colombien, auprès de l'AFP au début du tournoi. Une forme de consécration dans une carrière aux bords des oubliettes après le dernier sacre continental de 2010, point de départ de descente aux enfers du foot égyptien. Car le charismatique portier aux cheveux gominés n'aurait même jamais dû revenir en sélection.

Huit kilos perdus en 21 jours

Mais une date, le 4 juin 2016, et la confiance d'un homme, Hector Cuper, changeront son destin international. En dépit d'une absence de plus deux ans, le sélectionneur argentin des "Pharaons" n'hésite pas à le titulariser contre la Tanzanie (2-0), rencontre qui validera le ticket des Égyptiens pour la CAN 2017 au Gabon... où il mènera son équipe jusqu'en finale! Depuis ce pari gagnant, le portier n'a plus quitté ses cages lors des matches importants.

Et quand un énième "challenger" a tenté de lui chiper la place de titulaire, le sort s'est chargé de l'écarter de la route: Ahmed El-Shenawy, blessé gravement au genou en avril, a dû déclarer forfait pour la Russie. Mais c'est son homonyme Mohamed El-Shenawy qui a finalement été titularisé aux deux premiers matches du Mondial... Qu'importe. L'histoire se finit bien pour El-Hadary.

Comment expliquer ce "comeback" et une telle longévité ? "Quand il est revenu à Wadi Degla en 2015, son coach lui a dit: "Je vais te ramener au sommet, à tes 22 ans". Juste après, il a perdu huit kilos en 21 jours", raconte Karim Hafez, qui l'a côtoyé aussi bien en sélection que dans le club égyptien.

Une anecdote, sur sa gestion du sommeil par exemple, a particulièrement marqué Patrice Carteron, son ancien entraîneur dans ce club de la capitale (2016). "Le Caire est une ville de 20 millions d'habitants, cela veut dire que parfois, pour traverser la ville, il faut quasiment trois heures avec les bouchons, raconte-t-il. C'était le seul joueur à avoir un appartement juste à côté du stade afin d'éviter de trop circuler, alors que sa femme et ses enfants habitaient un peu plus loin dans une grande maison."

Force mentale sur ses camarades

Au-delà d'une hygiène de vie remarquable, El-Hadary reste un gardien talentueux, capable de gagner un match à lui seul. "Dans le face-à-face, il est exceptionnel. C'est vraiment là où il a le plus de qualités, il sait attendre le dernier moment pour se jeter dans les jambes", souligne Carteron.

L'Égyptien, qui avait notamment écoeuré Didier Drogba lors d'une séance de tirs aux buts épique en 2006, raffole surtout des duels sur penalty. Cela s'est vu contre les Saoudiens. Au point de dire qu'il exerce un vrai impact psychologique sur ses adversaires ? "Peut-être", admet Paulo Duarte, le sélectionneur du Burkina Faso, "victime" d'El-Hadary lors de la demi-finale de la CAN 2017 (1-1, 4-3 tab). "Le fait qu'il soit au centre de toute l'attention de l'Egypte, avec ses prières, son expérience... peut-être qu'il déverse une force mentale sur ses camarades", ajoute-t-il.

Cela n'a toutefois pas suffi à l'Egypte, partie sur une troisième défaite. Rendez-vous quand même en 2022 pour le prochain Mondial. Avec El-Hadary?

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