L'Euro 2021 désignera son grand vainqueur dimanche soir dans le temple de Wembley. L'Italie et l'Angleterre espèrent toutes deux soulever le trophée au terme d'une finale qui s'annonce aussi ouverte que passionnante.
Les deux équipes restant en lice ont de nombreux arguments à faire valoir. Elles ont généralement maîtrisé leur sujet depuis le début du tournoi. Quel que soit le vainqueur de ce duel final, il fera un successeur très crédible au Portugal, lauréat de l'édition 2016 disputée en France.
Mais désigner un net favori s'apparente à une mission quasi impossible. L'appui du public jouera peut-être un rôle dans un Wembley qui va vibrer et crier comme dans le monde d'avant la pandémie, voire encore davantage.
La renaissance
Au fond du trou voici un peu plus de trois ans, après son échec dans les qualifications de la Coupe du monde en Russie, l'équipe d'Italie a réussi sous la houlette de Roberto Mancini (56 ans) – en poste depuis mai 2018 – un redressement spectaculaire. Cette renaissance se traduit à la fois dans les chiffres, avec une série en cours de 33 matches sans défaite, et dans le jeu, domaine dans lequel la Squadra Azzurra se montre convaincante.
Il est désormais bien loin le temps où qui disait Italie signifiait catenaccio. L'équipe actuelle joue bien, attaque, prend les choses en main et sait varier ses approches. En plus, son état d'esprit semble irréprochable aussi quand les circonstances deviennent plus difficiles.
Immense expérience
Un jeune gardien (Gianluigi Donnarumma) appelé à devenir l'un des meilleurs du monde à son poste, une défense à l'immense expérience avec les «dinosaures» Giorgio Chiellini et Leonardo Bonucci, un milieu équilibré avec le duo très complémentaire Marco Verratti – Jorginho et une attaque inspirée avec le lutin Lorenzo Insigne: l'Italie est forte dans tous les secteurs.
Et Mancini a aussi de quoi réagir en cours de match avec un banc de qualité, ce qui peut s'avérer primordial. L'absence sur blessure du latéral gauche Leonardo Spinazzola, excellent dans cet Euro, constitue par contre un coup dur. Le joueur de l'AS Rome s'est rompu le tendon d'Achille en quart de finale contre la Belgique.
La grande attente
En face, l'Angleterre arrive en finale pour la première fois de son histoire dans un Euro, 55 ans après son seul fait de gloire, la victoire en Coupe du monde à domicile en 1966. Soutenus par tout un peuple, les Three Lions espèrent enfin mettre un terme à cette longue période de disette, qui est tout de même étonnante si on la compare avec les succès obtenus par les clubs anglais dans les Coupes d'Europe.
Le manager Gareth Southgate (50 ans), en poste depuis 2016, a réussi ce que ses prédécesseurs avaient raté, à savoir mettre en place un plan de jeu cohérent et arriver à créer un fort esprit d'équipe. Ce n'était pas évident, car la rivalité entre les joueurs des grands clubs du Royaume est souvent féroce.
Discipline défensive
Le renouveau des Anglais passe par un comportement défensif ultra discipliné. L'équipe est très loin de la caricature des Britanniques se lançant à l'assaut du but adverse sans assurer leurs arrières. «Safety first» est le mot d'ordre numéro un.
1-0, 0-0, 1-0, 2-0, 4-0, 2-1: les scores réalisés dans le tournoi par l'Angleterre démontrent une grande solidité. Certains tirent un parallèle avec le parcours de la France lors de la Coupe du monde 2018. Eux aussi, les Bleus privilégiaient le résultat au panache.
Les Anglais ont encaissé un seul but, sur un coup franc danois venu d'ailleurs, ce qui constitue une sacrée performance. Elle est due évidemment aux éléments qui composent la défense, avec notamment les excellents Luke Shaw ou Harry Maguire, mais aussi aux deux milieux placés devant celle-ci, à savoir Declan Rice et Kalvin Phillips. Franchir ce double obstacle sera peut-être la clé pour les Italiens.
Redoutable duo
Défendre c'est bien, mais il faut aussi savoir se procurer des occasions et les mettre au fond. Et dans ce registre, les Anglais disposent en Harry Kane (4 buts) et Raheem Sterling (3) de deux éléments capables de faire la différence à chaque opportunité.
Après avoir traversé la phase de groupes comme une âme en peine, au point que certains supporters et une partie de la presse demandaient à ce qu'il soit mis sur le banc, Kane a retrouvé ses sensations. Son but en 8es de finale contre l'Allemagne a agi comme un déclic. Le capitaine, qui combine souvent avec le dynamiteur Sterling, est bien l'homme qui peut ramener l'Angleterre au sommet.