Quatre ans après son triomphe brésilien, la Mannschaft tentera de conserver son bien en Russie, où le pays organisateur ne devrait d'ailleurs guère briller.
Elle est là, enfin, magnifique, brillante, si désirable. La Coupe du monde revient, après ce qui pour tout amoureux du football a été une interminable absence de quatre ans. La chasse à l'Allemagne est ouverte!
En tant que championne du monde en titre, la Mannschaft de Joachim Löw est naturellement la cible à abattre. Et plusieurs sélections sont sur les rangs, notamment l'Espagne et le Brésil avec, en embuscade, des équipes d'Argentine et de France sur qui il faudra vraisemblablement aussi compter.
Le contexte global n'est pas des plus calmes, alors que la Russie accueille le tournoi pour la première fois. Un Mondial dont le président Vladimir Poutine entend se servir comme d'une vitrine de la puissance de la Mère patrie, sur fond de situation géopolitique explosive entre conflit syrien, crise urkainienne, ingérence présumée russe dans la vie politique occidentale et sanctions internationales.
L'équipe de Russie, bien trop faible, ne pourra toutefois probablement pas permettre à Vladimir Poutine de bomber le torse. Et les joueurs sélectionnés de par le monde n'ont finalement cure des enjeux extrasportifs. Le Mondial, le titre, la consécration, le rêve d'une vie. Et rien d'autre.
Mais, il ne faut pas se tromper, il s'agira aussi de géopolitique sur le terrain. Sportive, certes, mais est-il domaine plus important pour les joueurs et les passionnés du jeu ? Car ce n'est pas uniquement une quête pour la Coupe du monde qui se jouera en Russie, mais bel et bien une lutte pour la suprématie footballistique que se disputent depuis les origines l'Europe et l'Amérique du Sud.
Voici maintenant seize ans que les représentants de la CONMEBOL n'ont plus soulevé le trophée le plus convointé de la planète. Seize ans, trois éditions blanches, une éternité. L'Europe mène onze étoiles à neuf. Elle n'avait plus été en avance par rapport à sa rivale depuis le sacre de la R.F.A. au Wankdorf en 1954, contrainte dès lors à courir après le score.
L'Europe pour la passe de quatre?
En remportant le titre en 2006 (Italie), 2010 (Espagne) et 2014 (Allemagne), l'Europe s'est offert un triplé encore inédit dans l'histoire de la compétition. Une quatrième victoire consécutive renforcerait la thèse de l'affaiblissement du football sud-américain, dont les championnats nationaux, en proie à de graves problèmes structurels et incapables de retenir leurs pépites, ne peuvent plus soutenir la comparaison avec les ligues européennes.
Dans ce monde globalisé, les capitaux proviennent peut-être d'Orient, une bonne partie de la matière première - les joueurs et entraîneurs talentueux - est peut-être extraite d'Amérique du Sud, mais toutes les richesses sont concentrées au même endroit: le Vieux Continent.
Le Brésil, recordman avec ses cinq titres, semble être le mieux armé pour mettre fin à l'hégémonie européenne. Le sélectionneur Tite a bâti un groupe homogène, articulé autour de la star Neymar, qui semble retrouver la forme après sa blessure et qui compte bien le démontrer contre la Suisse à Rostov le 17 juin.
Mais le Vieux Continent a lui aussi de très sérieux arguments à faire valoir, à commencer par l'Allemagne, tenante du titre. La Mannschaft n'a pas eu que des résultats positifs lors de sa préparation. Mais son effectif demeure sans doute le plus complet de tout le plateau.
L'Espagne a semble-t-il enfin digéré la fin de l'ère Xavi et débarque en Russie avec un football bien en place et une équipe très ambitieuse, portée par la confiance de joueurs qui dominent l'Europe des clubs depuis bientôt une décennie.
La France et l'Argentine sont de sérieux outsiders. Mais reste à savoir si les Bleus vont réussir, cette fois-ci, à s'épargner un de ces psychodrames dont ils ont le secret. Reste à savoir aussi si Lionel Messi va enfin être décisif à l'heure H, celle des héros, avec l'Albiceleste.
La Belgique pour une surprise?
Demeure la question d'une éventuelle surprise, si rare - pour ne pas dire inexistante - en Coupe du monde. Avec le sacre de la France en 1998 et de l'Espagne en 2010, il n'y a pratiquement plus de grande nation du football qui manque au palmarès (à l'exception des Pays-Bas, qui n'en sont plus une). Et aucun intrus ne figure au palmarès.
A la Belgique, par exemple, de bousculer la tradition. Les Diables rouges de la magnifique génération des Hazard, de Bruyne, Lukaku et autre Courtois, rêvent de gloire après un Mondial 2014 et un Euro 2016 qui n'ont pas tout à fait matérialisé le fantasme.
Pour deux pays, l'extase est d'ores et déjà atteinte: l'Islande et le Panama, qualifiés pour la toute première fois. Pour les Islandais, attractions de l'Euro il y a deux ans (quart de finale), l'euphorie se prolonge. Pour d'autres, comme les équipes africaines ou asiatiques, elle ne demande qu'à prendre corps.
Après plus de deux ans d'éliminatoires, de matches amicaux, de débats et de polémiques: Coupe du monde de football, 21e du nom, action!