Le penalty de Kubilay Türkyilmaz pour le 1-1 à Wembley contre l'Anglererre en 1996 et, bien sûr, le but fantastique mais malheureusement inutile de Xherdan Shaqiri à Saint-Etienne face à la Pologne en 2016: telles furent les deux grands moments de l'équipe de Suisse lors des quatre phases finales de l'Euro qu’elle a disputées.
Les déceptions furent en revanche légions lors de ces phases finales. La Suisse a perdu sept des treize matches qu'elle a livrés pour passer une seule fois le cap du premier tour. En 2016. Avec une formule, identique en 2021, qui qualifiait pour les huitièmes de finale seize des vingt-quatre équipes participantes,
1996: Artur Jorge le dynamiteur
Il y a un quart de siècle, la Suisse se lance dans sa première phase finale d'un Euro sans l'architecte de son renouveau Roy Hodgson. Parti à l'Inter Milan, l'Anglais est remplacé par une pointure, Artur Jorge. Pour des raisons que lui seul doit connaître, le Portugais écarte Adrian Knup et Alain Sutter de sa liste des vingt-deux sélectionnés. Cette décision suscite l’ire générale. Malgré le nul obtenu face à l'Angleterre à Wembley, la Suisse ne peut échapper à la dernière place de son groupe après les défaites 2-0 devant les Pays-Bas et 1-0 face à l'Ecosse.
2004: Le crachat de Frei
Huit ans après la déroute d'Angleterre, la Suisse se qualifie pour l'Euro 2004 au Portugal sous la férule d'un entraîneur qui fait à nouveau l'unanimité de Genève à Romanshorn. Köbi Kuhn bénéficie d'un véritable état de grâce. Mais tout bascule le 17 juin à Coimbra lors de la défaite 3-0 devant l'Angleterre avec le crachat d'Alex Frei dans la nuque de Steven Gerrard. Après avoir nié ce geste devant la presse, le joueur et la délégation sont confondus par les images fournies par la SRF à l'UEFA. Battue ensuite 3-1 par la France malgré le but de Johan Vonlanthen dans une rencontre où Köbi Kuhn et son staff avaient oublié d'introduire Stéphane Chapuisat, la Suisse quitte le Portugal avec un bonnet d'âne.
2008: L'élimination la plus rapide
A la trappe après seulement deux matches! L'Euro 2008 qu'elle a organisé conjointement avec l'Autriche a tourné au cauchemar pour la Suisse. Avec un sélectionneur affaibli par le drame vécu par sa femme Alice hospitalisée d'urgence pour une violente crise d'épilepsie, la Suisse doit composer avec la blessure d'Alex Frei lors du match d'ouverture perdu 1-0 face à la République tchèque le 7 juin. Quatre jours plus tard sous le déluge de Saint-Jacques, la Suisse s'incline 2-1 devant la Turquie sur un but assassin d'Arda Turan à la 93e minute. Le succès 2-0 contre le Portugal de Cristiano Ronaldo dans une rencontre devenue sans enjeu n'effacera pas le sentiment d'un beau gâchis.
2016: les maillots déchirés
L'Euro 2016 restera comme celui de cette bicyclette venue d'ailleurs de Xherdan Shaqiri pour l'égalisation contre la Pologne lors du huitième de finale de Saint-Etienne. Comme celui aussi du penalty raté de Granit Xhaka dans ce même huitième de finale avec une frappe trop puissante qui, dit-on, a filé jusqu'à Marseille. Comme celui, enfin, de l'incroyable mésaventure vécue le 19 juin à Lille lors du 0-0 contre la France en phase de poules. Dans une rencontre parfaitement maîtrisée, les Suisses n'avaient cessé de changer leurs maillots déchirés en raison d'une erreur de fabrication de leur équipementier. Ce soir-là, le mot de la fin fut pour Xherdan Shaqiri aussi tranchant devant les micros que sur la pelouse. "Heureusement que Puma ne fabrique pas des préservatifs", avait alors glissé le maître à jouer de l'équipe de Suisse.