Mondial 2018"Welcome back - On pensait t'avoir perdu"
27.6.2018
Un contrôle magique avant un but plein de sang-froid, son sixième en Coupe du Monde: Lionel Messi, critiqué après la déroute contre la Croatie, a guidé l'Argentine vers une qualification en huitièmes mardi et le géant sud-américain, malgré ses défauts, sera un adversaire dangereux pour la France.
"Welcome back, Messi", a titré mercredi le Daily Mirror, après la qualification de l'Argentine pour les huitièmes du Mondial grâce à son succès contre le Nigeria (2-1). "On pensait t'avoir perdu". Jusque-là en effet, il était possible de se demander où était passé le petit Argentin.
Très discret lors de la déroute contre la Croatie (3-0), il n'avait pas été épargné par les critiques à l'issue de ce match qui laissait son Albiceleste au bord de l'élimination. "L'équipe ne fait rien pour Messi mais lui n'a rien apporté à l'équipe", juge alors le champion du monde 1978, Daniel Bertoni...
Pas un "caudillo"
Face à l'Islande, lors du match inaugural, il avait déjà raté un penalty qui aurait permis à son équipe de s'imposer (score final 1-1) et avait été impuissant à forcer le résultat, tout Messi qu'il est... Pour le plus grand déplaisir de son pays fondu de foot.
"Les Argentins ont toujours eu des 'Caudillos' comme ils disent, des mecs qui emportaient tout sur le terrain, des Daniel Passarella, Diego Maradona, même Roberto Ayala... Des tauliers. Là, le leader, c'est Mascherano", expliquait le matin du match Alexandre Juillard, auteur d'une biographie de Messi intitulée "Insubmersible Messi".
Mais si le Barcelonais n'est pas le charismatique leader qu'était "el Pibe de Oro", il est un indiscutable meneur technique. Et il l'a enfin rappelé mardi soir à la face du monde, en convertissant un caviar d'Ever Banega en joli but.
"Quelque chose d'important"
Ce n'est que sa sixième réalisation en quatre participations (1 but en 2006, 1 en 2010, 3 en 2014) à la Coupe du Monde mais celle-ci va compter, comme celle contre l'Iran en phase de poules 2014. "Nous étions confiants que nous allions gagner ce match", a déclaré la 'Pulga' après la rencontre. "C'est merveilleux d'avoir gagné de cette façon. C'est une joie bien méritée."
Son Argentine n'a pas vraiment brillé contre le Nigeria, s'en remettant à un but improbable et somptueux du défenseur Marcos Rojo pour avancer en huitièmes de finale (2-1). Mais Messi a été décisif dans un moment clé, et cela autorise l'Argentine à rêver à nouveau. "Il sait que nous avons ce rêve commun de venir en Russie faire quelque chose d'important", a dit mardi soir son sélectionneur Jorge Sampaoli.
Qui a aussi observé que "la préoccupation d'un entraîneur qui entraîne Leo, c'est de l'entourer pour le rassurer et lui donner des ballons".
Difficultés argentines
"Messi, il a des repères à Barcelone, dans une équipe qui a des repères collectifs, et il est alors capable de faire des choses", abonde l'ancien entraîneur de la Real Sociedad Reynald Denoueix. "Là, c'est très difficile, quand il a le ballon il n'y a pas d'espaces qui se créent, il y a plein de choses qui collectivement n'existent pas".
Cela n'empêche pas les Argentins d'être exigeants avec leur 'Pulga', à qui certains reprochent par moment d'être "pecho frio". "C'est une expression qu'ils ont en Argentine, ça veut dire quelque chose comme rester froid au moment où il faudrait être chaud", décrypte Alexandre Juillard.
"C'est un peu ça son problème, dans sa personnalité, dans sa manière d'être, il n'est pas Argentin dans le stéréotype que se font les Argentins d'eux-mêmes", explique-t-il. "C'est quelqu'un de discret, qui n'aime pas trop parler et c'est la grande différence avec Maradona qui aime accaparer l'attention".
Mardi, c'est sur le terrain qu'il a parlé, son lieu d'expression préféré. Et si l'équipe de France ne peut bien sûr ignorer l'étendue de son talent, elle devra se méfier de cette Argentine bien malade, mais encore bien vivante grâce à son Messi.