Ce fut bien le match du grand pardon! 557 jours après la déroute contre le Portugal au Qatar, Murat Yakin est redevenu ce coach capable de renverser la table grâce à ses coups de génie.
La victoire 3-1 de la Suisse face à la Hongrie samedi fut bien «sa» victoire. Personne n’attendait les titularisations de Michel Aebischer et de Kwadwo Duah pour l’entrée en lice de la Suisse à l’Euro 2024. Le secret avait été bien gardé dans la mesure où elles étaient dans l’air depuis plusieurs jours, mardi pour le Fribourgeois et jeudi pour le Bernois. La présence de Xherdan Shaqiri en conférence de presse à J-2 du match fut une fausse piste qui devait égarer tous les suiveurs de la sélection.
«Je me suis fié à mon instinct»
«Je me suis fié à mon instinct», glisse Murat Yakin à la question si cette victoire était bien «sa» victoire. Au final, il y a une certaine satisfaction...» Un immense soulagement aussi. On n’ose imaginer les critiques que le sélectionneur aurait dû endurer en cas de malheur. Comment peut-il placer Dan Ndoye sur le flanc droit de l’attaque après l’avoir titularisé comme piston gauche lors des quatre matches amicaux joués cette année? Pourquoi donner les clés de l’attaque à un homme – Kwadwo Duah – qui évolue dans le Championnat de Bulgarie et dont l’expérience en sélection ne dépassait pas une mi-temps – discrète – contre l’Estonie 10 jours plus tôt? Enfin comment lancer d’entrée dans le bain un Michel Aebischer dans un rôle qui n’est pas le sien à Bologne et qui restait sur une performance bien terne samedi dernier contre l’Autriche?
Mais les buts de Duah, d’Aebischer et du «revenant» Breel Embolo dont l’introduction à la 74e minute fut un coaching gagnant donnent à penser que Murat Yakin a retrouvé l’état de grâce qui lui avait permis de devancer l’Italie dans la course à la qualification directe pour la Coupe du monde au Qatar. Le 1-1 du 12 novembre 2021 à Rome face à la Squadra Azzurra de Roberto Mancini reste à ce jour comme le match le plus abouti de l’équipe de Suisse sous sa férule. Ce soir-là, Xherdan Shaqiri et Noah Okafor avait été les plus brillants. Samedi à Cologne, les deux Bâlois sont restés sur le banc durant l’intégralité de la rencontre...
Un sacré concours de circonstances...
«Le travail n’est pas fini», souligne à raison Murat Yakin. Le sélectionneur sait qu’une victoire lors du premier match peut ne pas suffire. Le souvenir de la Coupe du monde en Afrique du Sud est encore dans bien des mémoires. Le 16 juin 2010, la Suisse battait 1-0 l’Espagne, future Championne du monde, à Durban. Huit jours plus tard, Ottmar Hitzfeld et ses joueurs étaient dans l’avion du retour. Mais dans un Euro qui n’élimine que huit équipes sur trente-deux au premier tour, il faudrait un sacré concours de circonstances pour que la Suisse ne voie pas les huitièmes de finale.
Mercredi, une victoire contre l’Ecosse assurera à l’équipe de Suisse une qualification pour les huitièmes de finale bien plus convaincante que celle obtenue il y a trois ans. Face à une équipe laminée vendredi par l’Allemagne, la Suisse devrait logiquement s’imposer. «Mais il convient de rester sur nos gardes, prévient Murat Yakin. Les Ecossais sont tombés contre une très grande équipe d’Allemagne. L’affronter en match d’ouverture n’était pas... simple. Ils vont réagir mercredi. C’est sûr.»
Il serait surprenant que Murat Yakin aligne le même onze mercredi dans une rencontre qui proposera un duel magnifique dans les tribunes entre les supporters suisses – « Ils ont été merveilleux lors de ce premier match», lâche Murat Yakin – et la « Tartan Army» qui pousse l’équipe d’Ecosse. Son côté flambeur commande de croire qu'il tentera un nouveau coup. Ce match ne sera-t-il pas, ainsi, le match idéal pour lancer Xherdan Shaqiri dans cet Euro? «Il est absurde d’affirmer que c’est le début de la fin pour Xherdan, lâche Murat Yakin. Il a encore un rôle à jouer dans cette équipe de Suisse.»