Deux pilotes romands disputent ce week-end la 88e édition des 24 Heures du Mans avec des ambitions certaines. Sébastien Buemi (Toyota) et Louis Delétraz (Rebellion) peuvent en effet rêver de victoire.
Pour la deuxième fois de son histoire, la mythique épreuve d'endurance n'aura pas lieu à mi-juin, mais en fin d'été. Le précédent remonte à 1968, avec une course alors reportée aux 28/29 septembre en raison du virus de la contestation sociale qui avait alimenté les évènements de mai 1968. Cette fois, le virus est sanitaire, et il empêchera les spectateurs de se rendre autour du circuit.
Sébastien Buemi visera un troisième succès consécutif avec la Toyota TS050 Hybrid. Il égalerait ainsi le pilote suisse le plus titré au Mans, Marcel Fässler, vainqueur en 2011, 2012 et 2014. Le Vaudois fera équipe avec le Japonais Kazuki Nakajima et le Néo-Zélandais Brendon Hartley, qui a désormais repris la place de Fernando Alonso sur la no 8.
Réussir le triplé
«C'est la plus grande course de l'année. On a gagné deux fois de suite avec cette voiture. L'objectif sera de réussir la passe de trois, et on va mettre tout en oeuvre pour y parvenir», a déclaré Buemi sur le site de son écurie. «Le fait qu'il n'y aura pas de public sera inhabituel, il faudra s'adapter à la situation. Mais cela ne changera rien à notre concentration et notre détermination.»
A priori, la course pourrait se résumer à un duel entre les deux Toyota officielles. Les pilotes de la voiture no 7 rêvent de s'imposer à leur tour. Mike Conway (GBR), Kamui Kobayashi (JPN) et Jose Maria Lopez (ARG) prendront tous les risques pour écrire leur nom au palmarès. Le trio occupe la tête du championnat WEC après avoir gagné trois des six courses. Kobayashi a d'ailleurs signé la pole position vendredi à la mi-journée en 3'15''267.
Cette lutte fratricide est attendue avec intérêt du côté de l'équipe suisse Rebellion, qui aligne aussi deux voitures compétitives et qui constituera la principale opposition aux bolides nippons. Les Rebellion ont gagné deux fois cette saison, et elles peuvent donc espérer. La no 1 pilotée par l'Américain Gustavo Menezes a arraché une place en première ligne en ne perdant que 0''555 sur la Toyota de tête, mais en devançant celle pilotée par Nakajima, 3e à 1''382.
Un rêve pour Delétraz
Le Genevois Louis Delétraz courra les 24 Heures pour la première fois au volant de la Rebellion no 3, dont il partagera le volant avec les Français Nathanaël Berthon et Romain Dumas. «Je suis si heureux d'être là, j'ai toujours rêvé de disputer cette course. Effectuer mes débuts en LMP1 avec un team suisse et de lutter potentiellement pour la victoire, je ne pourrais pas être en meilleure position», a expliqué Delétraz sur son site.
Le changement de date des 24 Heures va compliquer la tâche des pilotes, l'obscurité tombant bien plus vite à cette période de l'année qu'à mi-juin. «On a calculé qu'il faudrait conduire de nuit pendant 3h40 de plus que normalement. J'ai fait de nombreux tours durant les tests et je suis à l'aise avec la conduite nocturne. Mais c'est très fatigant», a ajouté le pilote de formule 2, qui a signé le 4e temps de l'hyperpole à 3''063.
Louis Delétraz apprécie de piloter en LMP1. «La Rebellion est l'une des meilleures voitures que j'ai pu conduire. Elle a une super vitesse de pointe, une adhérence exceptionnelle et il n'y a pas de dégradation des pneus. On peut ainsi pousser à fond», se réjouit-il. «Le but sera de disputer une course parfaite, sans faire d'erreurs, et on verra à la fin où nous serons.»