GENEVE
La Formule Electrique passe la seconde pour sa quatrième saison, qui s'ouvre début décembre et sera diffusée simultanément par Eurosport et Canal+, dont six courses en clair. L'objectif pour 2018 est de conquérir le "grand public", et plus particulièrement les jeunes.
"Il est temps pour nous de passer à une nouvelle étape. Nous avons su exister auprès de l'industrie automobile, le prochain pas est d'aller vers le grand public", expliquait le fondateur et patron de la Formule E, Alejandro Agag, après l'annonce de ce dispositif vendredi.
"On veut élargir aux gens qui ne sont pas intéressés par les sports mécaniques mais plutôt par l'innovation technologique et l'environnement, et surtout aux jeunes, un public très précieux pour les marques automobiles, qui ont du mal à le toucher", poursuit-il. "C'est là-dessus que nous allons concentrer nos moyens humains et financiers."
Première case à cocher dans le plan de séduction du championnat de monoplaces électriques: s'assurer une diffusion télévisée en clair. C'est désormais acquis. Eurosport, qui devient le détenteur exclusif pour trois ans des droits de la Formule E en Europe (hors Royaume-Uni, Italie et Espagne), retransmettra toutes les courses au calendrier mais revendra aussi ces droits pour diffusion notamment sur des chaînes gratuites.
Ainsi, en France, six des onze manches de la saison 2017/18, dont l'ePrix de Paris prévu le 28 avril, seront programmées sur C8 ou CStar et les autres trouveront leur place sur Canal+ Sport.
La Formule E va également casser sa tirelire pour se faire connaître, avec "quelques dizaines de millions d'euros" de dépenses marketing sur trois ans.
Le grand chambardement est prévu pour la saison 2018/19, quand les pilotes n'auront plus à changer de voiture à mi-parcours, l'autonomie de leur batterie leur permettant de rouler 50 minutes consécutives. Le format des courses sera nécessairement amené à évoluer et Agag n'a pas peur d'innover. "Mon ambition, c'est qu'on regarde la Formule Electrique comme un jeu vidéo, dit-il. Tu vois Mario Kart? Mets la Formule E dessus."
Ici, toutefois, pas de peaux de bananes ni de carapaces de tortues lâchées pour piéger ses concurrents. "Ce sont plutôt les règles du jeu qui vont changer", se contente-t-il pour l'heure de répondre. On ne se dirige pas, en tout cas, vers une plus grande intervention du public, qui peut voter pour offrir à ses favoris un gain temporaire de puissance à utiliser en course, précise-t-il.
Depuis ses débuts en 2014, la Formule E a conquis les constructeurs bien au-delà des espérances. "J'en prévoyais trois en saison 5 (2018/19), nous en aurons bientôt huit", se félicite Agag.
Renault et Mahindra se sont engagés dès la première année, imités par DS, Jaguar et plus récemment Audi, BMW, Mercedes et Porsche, qui feront leur entrée dans les saisons à venir.
Une image verte dans l'air du temps, des transferts de connaissances rapidement applicables aux véhicules de série et un ticket d'entrée peu onéreux (entre 10 et 20 millions d'euros selon Agag) n'y sont pas pour rien.
La catégorie offre aussi un débouché aux anciens pilotes de F1 (Jacques Villeneuve, Jarno Trulli, Lucas di Grassi, Sébastien Buemi, Nick Heidfeld, Jean-Eric Vergne, Nelson Piquet Jr, Esteban Guttiérez, Bruno Senna...) en quête de nouvelles expériences ou d'une reconversion.
Mais avec le succès viennent les problèmes de riches. "Quand les constructeurs arrivent, ils veulent tous gagner. Il faut être attentif au contrôle des coûts et garder un cadre qui permette aux équipes privées (ndlr: moins argentées et dotées en personnel) d'être compétitives", reconnaît le patron de la catégorie.
Trouver des parades contre l'inflation, outre le maintien d'un châssis et d'une batterie communes à toutes les monoplaces, sera un des chantiers de la Formule E dans les années à venir.
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