Éric Boullier «Le Grand Prix de France n’est pas mort»

AFP

21.7.2022

«On n'est pas mort»: alors que le contrat avec la F1 n'a pas encore été renouvelé, le directeur du Grand Prix de France Éric Boullier explique à l'AFP que les négociations continuent et évoque la solution de l'alternance.

Le ciel n’est pas tout bleu pour le directeur du Grand Prix de France Éric Boullier.
Le ciel n’est pas tout bleu pour le directeur du Grand Prix de France Éric Boullier.
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Dans quel état d'esprit êtes-vous avant ce Grand Prix ?

«Positif. On a le privilège d'organiser un des plus grands événements sportifs français, surtout à guichets fermés, c'est un très beau retour pour les équipes qui travaillent pour ce Grand Prix. On attend un peu plus de 200.000 spectateurs sur les trois jours, c'est un record pour le GP de France».

Quel est le pourcentage de chance de garder la F1 en France ?

«Je ne donnerais pas de pourcentage. Le président (Stefano Domenicali) de la FOM (détenteur des droits commerciaux de la F1) a clairement dit que la France méritait d'être présente. La FOM travaille aussi sur l'expansion de son calendrier, du nombre de Grands Prix, et donc sur plusieurs solutions».

L'alternance entre plusieurs Grands Prix européens est-elle la solution idéale ?

«Il n'y a pas de solution idéale, nous avons tous les scénarios en discussion avec la FOM, qui stratégiquement parlant souhaiterait avoir plus de Grands Prix sur un nombre de dates qui n'est pas extensible, et donc effectivement, l'alternance pourrait être une solution pour plusieurs Grands Prix. A partir du moment où la volonté est des deux côtés de vouloir garder un Grand Prix en France, tant mieux, qu'il soit tous les deux ans, tous les trois ans, tous les cinq ans ou tous les ans, on verra. On doit s'inscrire dans la possibilité future qu'il y ait peut-être 30 Grands Prix pour 25 dates. On n'est pas mort, on discute».

Plan de mobilité (trains à tarif réduit, navettes gratuites, covoiturage), animations, concerts, certification écologique... Est-ce que tout cela sera suffisant pour répondre aux exigences de la F1?

«Tout ce qui est fait c'est en premier lieu pour l'expérience client. C'est pour nos spectateurs que nous mettons tout cela en place. On ne veut pas répéter les problèmes de mobilité de 2018. C'est aussi notre identité, on a pas mal d'animations, en plus de ce qu'il se passe sur la piste, on a le retour des concerts, tout est fait pour donner à cet événement le prestige qu'il mérite. Après bien sûr, la F1 a beaucoup évolué ces dernières années. Les télévisions ont des nouveaux records d'audience quasiment à chaque Grand Prix, la majorité des Grands Prix affichent complet, comme nous. Cet énorme intérêt, il faut pouvoir l'absorber, on doit faire plus avec ce qu'on a et c'est sur quoi on travaille. Le GP de France essaie d'être vertueux, nous sommes le seul Grand Prix certifié trois étoiles environnementales par la FIA. (...) La France a une grande culture de la course automobile et de la F1, on a deux pilotes sur la grille qui ont gagné chacun un Grand Prix, on a un constructeur, Renault, qui est motoriste, une équipe avec Alpine».

Selon la presse spécialisée, le GP de France paie environ 20 millions d'euros annuels à la F1. Les nouveaux circuits paient beaucoup plus, on évoque notamment 50 pour l'Arabie saoudite. Le plus grand obstacle est-il financier?

«Je ne peux pas confirmer ces chiffres, ce sont des accords confidentiels. Il y a un prix de plateau, un droit que vous achetez pour pouvoir organiser un Grand Prix. Il y a différents modèles de revenus, suivant que vous êtes un GP européen ou non-européen. Ca a toujours été comme ça et plus la F1 attire de spectateurs et d'intérêt, forcément il y a une logique commerciale pour le promoteur de la F1. Mais il n'y a pas de prix plancher, ce n'est pas ça. La réalité c'est que la F1 veut grandir. La réalité c'est que la F1 est extrêmement attrayante, il y a énormément de villes et de pays qui veulent la F1, parce qu'ils savent que c'est un miroir médiatique extrêmement important, avec des retombées extrêmement importantes. Donc il faut s'adapter au cahier des charges».