Les deux voitures rouges qui se percutent dès le premier tour et abandonnent: l'image piteuse offerte par Ferrari lors du Grand Prix de Styrie dimanche n'est malheureusement que le symptôme de maux plus profonds.
L'analyse est du patron de la Scuderia, Mattia Binotto, lui-même. «Quand vous prenez le départ en milieu de grille, ce sont des choses qui arrivent, mais ça n'est pas une excuse, réagissait-il après la course. C'était surtout un week-end très décevant qui se termine de la pire des façons. Il ne sert à rien d'accuser qui que ce soit, il faut réagir et progresser vite.»
En effet, la deuxième place inespérée du Monégasque Charles Leclerc lors d'un GP inaugural en Autriche le 5 juillet ponctué d'abandons ne doit pas cacher que la performance n'est tout simplement pas au rendez-vous en piste.
Le constat, tranchant, est tombé dès les essais d'avant-saison en février. «Nous ne sommes pas en train de nous cacher», admettait alors Binotto. «On n'est pas encore assez rapide pour espérer gagner en Australie», qui devait alors accueillir la première épreuve de la saison le 15 mars.
Ce déclin, alors même que peu de changements réglementaires sont intervenus pendant l'intersaison, interpelle d'autant plus qu'il est concomitant d'un accord confidentiel entre la Fédération internationale de l'automobile (FIA), régulateur du sport, et Ferrari suite à «une investigation technique poussée» sur le fonctionnement de ses moteurs en 2019. Des moteurs dont nombre de concurrents doutaient de la conformité au règlement.
Punition
Entre temps, le coronavirus est passé par là, la saison a débuté avec plus de trois mois de retard, pendant lesquels les écuries sont restées fermées, et la Scuderia n'a pas pu travailler autant qu'elle le souhaitait pour se refaire.
Résultat, une septième place seulement pour Leclerc lors des qualifications du GP inaugural de 2020 sur le Red Bull Ring de Spielberg, une 11e pour l'Allemand Sebastian Vettel, derrière non seulement les adversaires habituels, Mercedes et Red Bull, mais aussi McLaren, Racing Point et Renault.
Même punition sur le même circuit la semaine suivante, au moment de se qualifier pour le GP de Styrie. Malgré une batterie d'évolutions apportées sur les voitures une semaine plus tôt que prévu, Vettel est 10e, Leclerc 11e et pénalisé de trois places sur la grille de départ pour avoir gêné un adversaire en piste !
A des années-lumière de la performance quasi-parfaite qui lui avait permis d'accrocher le podium la semaine précédente, le Monégasque de 22 ans a de nouveau fauté dès le troisième virage dimanche, en tentant de dépasser son équipier alors qu'il n'en avait pas la place.
«Désastre»
Et voici donc Leclerc décollant sur un vibreur, arrachant l'aileron arrière de Vettel et mettant fin à leurs courses respectives dans ce que la presse italienne qualifie lundi de «désastre».
Pas le premier d'ailleurs, après leur accrochage du Brésil l'an dernier, conclusion douloureuse d'une rivalité montée course après course depuis les débuts du Monégasque en rouge début 2019 et que la Scuderia n'a jamais semblé parvenir à contenir en piste.
Cette fois, Leclerc a reconnu avoir «fait le con» et présenté ses excuses à son équipier devant les caméras de télévision. Vettel les a acceptées, assurant que tous les deux sont «suffisamment matures» pour mettre l'incident derrière eux.
Reste tout de même une image «désastreuse». Une de plus... La révélation par Vettel, à la veille du GP d'Autriche, que son divorce d'avec Ferrari en 2021 n'a pas été prononcé par consentement mutuel mais unilatéralement par la Scuderia avait déjà fait tâche.
Comme les rappels à l'ordre de la FIA à l'attention des deux pilotes pour des manquements au protocole sanitaire contre le Covid-19. En cause, des images de Vettel discutant sans masque avec l'encadrement de Red Bull dans le paddock et des photos de Leclerc, sans masque toujours, en compagnie de supporters à Monaco entre les deux premiers GP de la saison.