Le championnat du monde de formule 1 entame son sprint final ce week-end au Qatar. Il ne reste que trois courses pour savoir qui de Max Verstappen (Red Bull-Honda) ou de Lewis Hamilton (Mercedes) sera sacré champion du monde.
L'incertitude reste grande quant à l'issue de cet intense duel pour l'instant mené par le Néerlandais, avec 14 points d'avance sur le septuple champion du monde anglais. Commentateur de la F1 sur la télévision suisse romande de 1973 jusqu'à sa retraite en 2007, Jacques Deschenaux suit toujours avec passion l'actualité de son sport favori. Le Fribourgeois établi dans la région genevoise a livré son point de vue sur le championnat à Keystone-ATS Sport.
Quel est votre regard sur cette année 2021 de F1?
«C'est une saison magnifique, avec beaucoup de très belles courses. Quand deux pilotes de deux équipes différentes se battent pour le titre, c'est ce qu'il y a de mieux. La lutte est intense au niveau de la compétition et de la technologie.»
Êtes-vous allé sur un circuit récemment?
«Oui, j'ai assisté au GP d'Italie à Monza. J'ai constaté que les contraintes sanitaires étaient extrêmement strictes. La F1 a réalisé un travail remarquable en organisant son championnat malgré ces deux ans de pandémie, grâce à une discipline sanitaire et sécuritaire très sérieuse.»
Le calendrier 2021, avec 22 courses, est très chargé. Trop?
«La limite a été atteinte, voire franchie. A mon avis, on ne devrait pas aller à plus de 20 Grands Prix. Mais la demande est énorme. A part la Suisse, presque tous les pays veulent la F1! Les candidatures ne manquent pas pour organiser des courses. L'an prochain, la Chine sera de retour, et il y aura un Grand Prix supplémentaire aux Etats-Unis, à Miami.»
La multiplication des «triple header» ne pèse-t-elle pas trop sur les équipes?
«Cela devient très difficile pour le personnel: on a eu le Mexique il y a deux semaines, le Brésil la semaine dernière et le Qatar maintenant. En plus, il y a les budgets limités. Or, avec un tel calendrier, il faut avoir une rotation du personnel, donc il faut en engager davantage. Par ailleurs, on a cette saison un gros suspense et c'est tant mieux. Mais si le titre est décerné à quatre ou cinq courses de la fin, comme c'est déjà arrivé, les dernières intéressent beaucoup moins.»
Cette saison a été marquée par l'apparition des courses sprint qualificatives. Quel est votre avis à ce sujet?
«Je suis de la vieille école: pour moi, la pole doit revenir à celui qui a été le plus rapide sur un tour, pas à celui qui finit en tête d'une course de quelques tours. Le sprint n'est pas foncièrement une mauvaise idée, mais il faut revoir certaines choses. Des discussions sont d'ailleurs en cours. Je militerais plutôt pour que la pole position revienne à celui qui signe le meilleur tour durant le sprint, cela inciterait tout le monde à aller à fond, ce qui n'est de loin pas toujours le cas.»
Le 1er gagne trois points, le 2e deux et le 3e un. Seriez-vous favorable à ce que davantage de points soient attribués durant le sprint?
«Non, cela me semble correct. Le Grand Prix du dimanche doit rester l'évènement principal.»
Votre pronostic pour le titre?
«C'est serré, mais je vois plutôt Verstappen. Avec neuf victoires, il mérite d'être champion. Hamilton a fait une course extraordinaire au Brésil, mais l'attitude de son équipe me dérange. Mercedes change un des six éléments du moteur et prend cinq places de pénalité. Mais cela leur a donné un surcroit de puissance. La différence de vitesse en ligne droite était invraisemblable. Sportivement, je ne trouve pas cela très correct.»