Andrea Binotto "Je n'ai pas ressenti un groupe blessé"

vasc, ats

11.1.2021 - 13:57

Avec Andrea Binotto, tout change? Le nouvel entraîneur de Neuchâtel Xamax n'a pas la prétention de faire une révolution à la Maladière. Mais le discours devrait évoluer.

Binotto veut se préserver de l'étiquette du messie.
Binotto veut se préserver de l'étiquette du messie.
Keystone

Andrea Binotto n'est pas le messie. Il veut du moins se préserver de l'étiquette: «Quand un entraîneur part, il n'a pas fait tout faux pour autant. Et celui qui arrive ne fera pas tout juste.» Le nouveau mentor de Neuchâtel Xamax a une belle cote. A l'inverse, celle de Stéphane Henchoz, son prédécesseur, avait sacrément déchu en une année.

Le couperet s'était imposé à la mi-décembre, après une série de sept défaites. Deux s'y sont ajoutées sous l'intérim de Martin Rueda, avant que Xamax ne mette enfin un terme à la spirale lors de la dernière rencontre de 2020 (victoire 2-0 contre Winterthour).

C'est donc dans ce contexte qu'Andrea Binotto, le héros de Vidy, parti de Stade-Lausanne-Ouchy au printemps dernier après quatre promotions (de la 2e Ligue inter à la Challenge League), a pris ses fonctions à la reprise du 4 janvier. Avec comme première intention de sortir des limbes les Rouge et Noir, actuellement neuvièmes du classement.

«Réussir à remettre Xamax plus haut dans le tableau, c'est un joli challenge, mais je ne prends pas ça comme un défi», relativise le nouveau technicien professionnel. Détenteur du diplôme UEFA Pro depuis la fin de l'année, Binotto a désormais délaissé son emploi de professeur de mathématiques. Il est donc prêt à subir la pression.

Faire oublier le 1er tour

A Neuchâtel, elle n'est pas gigantesque non plus. Il s'agit surtout de remettre sur les bons rails une équipe qui ne savait plus où aller. Histoire de démontrer que cela tient surtout de l'accident à la chaîne plutôt que de la faillite d'un effectif qui n'est pas au niveau. La spirale de défaites peut vite devenir infernale dans un championnat où l'on ne respire jamais, où les matchs s'enchaînent tous les trois jours.

«Mais je n'ai pas ressenti un groupe blessé, décrypte Binotto. Il a envie d'aller de l'avant, de travailler. Le premier tour doit être laissé derrière et il faut oublier ce qui s'est passé. Je leur ai dit de prendre du plaisir à être ensemble et de continuer à vouloir aller de l'avant. Car il y avait quand même des choses qui étaient en place. Tout n'était pas faux.» C'est le parti pris du nouvel entraîneur, celui qui n'a pas pour intérêt non plus de dénigrer le travail effectué.

Même si l'orgueil de l'homme l'amènera sans doute à vouloir imposer sa patte. «Il a toujours été très ambitieux, parfois même plus que les joueurs», décrit Axel Danner. Aujourd'hui à Yverdon en Promotion League, celui-ci a été le capitaine de Binotto à Stade-Lausanne-Ouchy, où l'entraîneur a grandi au fil des années.

Sa progression est perçue comme naturelle: «La marche ne me paraît pas trop haute pour lui, glisse Danner. Cela suit son évolution, il n'a jamais sauté d'étape.» Pas de souci à se faire donc pour la crédibilité d'un entraîneur qui n'a jamais été joueur professionnel.

«Il sait faire passer les messages»

Car Binotto «est malin, il sait comment faire passer les messages», mentionne son ancien arrière droit. «La communication, c'est son point fort. Mais il n'a rien d'un dictateur: il écoute beaucoup, il discute, regarde et consulte. Il ne va pas tout révolutionner.»

Pragmatique donc. Peut-être moins cassant que son prédécesseur, aussi. «C'est quelqu'un qui attache une importance certaine aux relations humaines, confirme Jérémy Manière, qui ne l'a connu que durant six mois à SLO. Il sait se montrer empathique. Je pense que psychologiquement, ça va faire du bien aux Xamaxiens.»

Mais l'ex-défenseur de Thoune, Bienne ou Lausanne, désormais retraité des terrains, lui voit aussi des qualités sur le terrain: «Au niveau du foot, il est crédible, ce n'est pas qu'un mec sympa. Il a des idées, il aime le jeu au sol, les sorties de balle soignées. En amont des matchs, il passe beaucoup de temps à travailler les relances en fonction de l'organisation de l'adversaire.» Celui qui est aujourd'hui consultant pour Blue Sport évoque aussi un entraîneur «qui sait s'adapter».

Andrea Binotto pourra en plus travailler avec un groupe renforcé. Umaru Bangura, le défenseur de Zurich, a déjà signé au moins jusqu'à la fin de la saison. Et Xamax veut aussi trouver un élément offensif. Des ajustements plus qu'un chamboulement. Signe peut-être que la réussite des Neuchâtelois ne tient finalement pas à grand-chose. Le tact du nouveau coach comme déclic?

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