Rivalité centenaire... mais aussi pécuniaire ! À l'approche du clasico dimanche, le FC Barcelone et Real Madrid ont chacun affirmé vouloir être le premier club au monde à dépasser le milliard d'euros de revenus. Cette course symbolise la concurrence effrénée de ces multinationales du football.
Cet automne, les présidents Josep Maria Bartomeu et Florentino Pérez ont tour à tour dit lorgner cette barre emblématique lors de l'assemblée générale de leurs "socios", supporters-actionnaires propriétaires des deux clubs sous statut associatif. Leur vitesse de croisière le permet: le chiffre d'affaires du Real a bondi en cinq ans, passant de 521 millions d'euros en 2012/13 à un budget prévisionnel de 752 mio pour 2018/19. Côté Barça, ce sont 960 mio attendus cette saison, contre 490 il y a cinq ans.
Et il sera difficile de les départager. "Les deux clubs ont autant de chances l'un que l'autre d'y parvenir", explique Esteve Calzada, ancien directeur marketing du Barça (2002-2007) devenu patron du groupe Prime Time Sport.
"Je ne sais pas qui sera le vainqueur", confirme Placido Rodriguez Guerrero, professeur à l'université d'Oviedo (Asturies) et chercheur en économie du sport. "Cela prendra encore quelques années, à moins qu'il y ait d'ici là une vente de joueur pour 400 millions d'euros."
Stars et trophées
Selon eux, le net écart constaté cette saison s'explique avant tout par l'élément non récurrent des indemnités de transferts encaissées par le Barça, qui a notamment perçu 222 mio d'euros sur le transfert de Neymar. D'ailleurs, Bartomeu a reconnu que la vente régulière de joueurs "aide à parvenir à l'équilibre" et pas moins de 131 mio de rentrées mercato figurent au budget de cette saison.
Mais au-delà de ces éléments comptables exceptionnels, comment augmenter les revenus saison après saison ?
Il y a d'abord la conquête de trophées, qui gonflent les droits télévisés perçus et activent des primes: le Barça touchera de son sponsor maillot Rakuten un bonus de 1,5 mio en gagnant la Liga et 5 mio s'il remporte la Ligue des champions.
Une autre méthode consiste à débaucher des stars qui augmentent la visibilité du club, dopent les ventes de produits dérivés et facilitent les négociations publicitaires, à l'image de la politique des "Galactiques" au Real.
"Cela peut être positif à court terme d'avoir une superstar", analyse Michael Goldberg, vice-président senior de l'agence de notation DBRS. "Mais à long terme, nous ne pensons pas que cela renforce le crédit du club. Cristiano Ronaldo quittant Madrid ne fera pas beaucoup de dégâts, sauf si c'est le début de la fin et cela devient un problème structurel. Les clubs peuvent être faibles sur le terrain pendant plusieurs années avant d'être atteints au portefeuille."
La manne des nouveaux stades
La vraie manne, en matière de revenus, concerne les stades: l'Atlético Madrid vient d'inaugurer sa nouvelle enceinte, le Wanda Metropolitano, alors que Camp Nou et Santiago Bernabeu doivent subir une profonde refonte à partir de 2019 pour agrandir notamment loges et espaces commerciaux.
A prix d'or: pour 400 mio d'euros, Barcelone va porter la capacité de son stade de 99'000 à 105'000 sièges et installer un toit. Et Madrid, sans modifier la jauge (81'000 places), va emprunter au moins 525 mio pour poser un toit et une nouvelle enveloppe métallique toute en courbes, avec un objectif: dégager plus de 150 mio de revenus supplémentaires par an, selon Pérez.
Pourquoi cet emprunt ? Parce que le Real n'est pas parvenu à trouver un partenaire susceptible d'accoler son nom à celui du Bernabeu. Le Barça, de son côté, s'est dit "optimiste" pour trouver d'ici juin prochain un accord de "naming" à hauteur de 200 mio au total.