Bousculade meurtrière «Comme s'ils étaient condamnés pour avoir volé une vache»

ATS

24.8.2023 - 18:58

La Cour Suprême d'Indonésie a condamné deux policiers accusés d'avoir provoqué une bousculade meurtrière dans un stade à Malang, dans l'est de l'île de Java, dont l'acquittement en mars avait provoqué la colère des familles des victimes.

Malgré la condamnation de deux policiers, la colère des familles des victimes est toujours présente (archive).
Malgré la condamnation de deux policiers, la colère des familles des victimes est toujours présente (archive).
Keystone

Keystone-SDA

Un tribunal indonésien avait condamné en mars un seul policier à 18 mois de prison, acquittant ces deux autres responsables de la police locale dans une décision très controversée. Plusieurs proches de victimes avaient éclaté en sanglots en mars à l'écoute des verdicts.

La bousculade géante provoquée par des tirs de gaz lacrymogène de la police avait fait 135 morts en octobre 2022 à l'issue d'un match de football à Malang, l'une des pires catastrophes de l'histoire du sport.

Les deux policiers acquittés en mars, Bambang Sidik Achmadi, 48 ans, et Wahyu Setyo Pranoto, 35 ans, ont été condamnés mercredi pour négligence à deux ans et deux ans et demi de prison respectivement, selon les jugements consultés par l'AFP.

Pour certains membres des familles des victimes, ces condamnations sont encore insuffisantes. «C'est de nouveau une plaisanterie. C'est injuste. C'est comme s'ils avaient été condamnés pour avoir volé une vache», a déploré auprès de l'AFP Cholifatul Nur, qui a perdu son fils de 15 ans, Jofan, dans la bousculade. «Les familles des victimes sont déçues et en colère», a ajouté cette mère âgée de 40 ans.

Culture de l'impunité

«Nous ne pouvions déjà plus respecter leurs décisions à partir du moment où ils avaient décidé de les inculper pour négligence et non pour meurtre», a souligné Me Imam Hydatide, avocat d'une famille ayant perdu deux adolescents dans la bousculade.

Des ONG de défense de droits de l'homme ont toutefois salué la sentence. «L'arrêt de la Cour Suprême apporte aux familles des 135 victimes, et de ceux qui ont été blessés dans la tragédie de Kanjuruhan, l'espoir d'obtenir que justice soit faite», a estimé le directeur adjoint d'Amnesty international, Wirya Adiwena, dans un communiqué. C'est un début pour «venir à bout de la culture d'impunité», a-t-il fait valoir.

Le 1er octobre 2022, après un match de football entre les clubs rivaux Arema FC et Persebaya Surabaya dans le stade Kanjuruhan à Malang, des supporteurs avaient envahi le terrain. La police avait répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes dans les gradins bondés du stade et déclenché un vaste mouvement de foule qui a fait 135 morts dont plus de 40 enfants.