«Andra tutto bene, Restate a casa.» Francesco Caputo, attaquant de l'équipe de Sassuolo, avait tout compris avant tout le monde.
Son message rassurant, brandi après un but marqué début mars, est aujourd'hui devenu le mot d'ordre de l'Italie, confinée pour lutter contre l'avancée du COVID-19. C'était le 9 mars et l'Europe jouait encore au foot. Mais l'Italie était déjà inquiète, la maladie faisait déjà beaucoup de dégâts et les mesures de restriction des déplacements étaient sur le point d'être durcies.
Ce soir-là, Sassuolo a battu Brescia 3-0 dans ce qui reste le dernier match disputé en championnat d'Italie, depuis suspendu. Après le premier de ses deux buts, Caputo s'est dirigé vers une caméra et a montré sa feuille. «Andra tutto bene. Restate a casa» (tout ira bien, restez à la maison).
Quelques heures plus tard, le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte utilisait les mêmes mots – «Restez à la maison» – pour expliquer aux Italiens les nouvelles dispositions draconiennes mises en place pour lutter contre la pandémie.
Depuis, le message concret et rassurant de «Ciccio» Caputo a fait son chemin, au-delà même du monde du football. On le retrouve dans toutes les campagnes d'information, dans les opérations de sensibilisation et jusque sur les draps et banderoles accrochés aux fenêtres un peu partout dans le pays.
Concours de jongles
«C'est une idée que j'ai eue. Je n'avais rien dit à personne, je voulais juste faire passer ce message. C'est un moment difficile pour tout le pays», avait rapidement expliqué l'attaquant de 32 ans après son geste. «On veut protéger nos familles. Moi à la maison, j'ai ma femme et trois enfants. Ne pas les faire sortir, c'est douloureux, mais on est très attentifs aux règles.»
Mais celui qui est actuellement le deuxième meilleur buteur italien de Serie A (13 buts) derrière l'intouchable Ciro Immobile (27 buts) ne s'est pas arrêté là et, comme beaucoup d'autres footballeurs, il s'est impliqué pour aider le monde médical, en première ligne face à l'épidémie.
Il a ainsi participé avec d'autres joueurs de Serie A à un concours de jongles organisé par le site chefaticalavitadibomber.it dans le cadre d'une récolte de fonds pour des hôpitaux.
Il a aussi mis aux enchères le maillot qu'il portait lors du Sassuolo-Brescia du 9 mars, signé et agrémenté sur son no 9 de la désormais fameuse devise «Andra tutto Bene». Les 2500 euros recueillis ont été reversés aux autorités sanitaires de la région des Pouilles, dont l'avant-centre est originaire.
«Maturité d'un homme»
C'est aussi dans sa région natale, à Bari, que Caputo a commencé et joué la plus grande partie de sa carrière, avec des débuts sous les ordres d'Antonio Conte.
«Je lui serai reconnaissant pour toujours. Il m'a lancé en Serie B, avec Bari (en 2008) et ce jour-là j'ai marqué un triplé. Ensuite il m'a voulu à Sienne (2010-11). Il m'a appris l'importance du sacrifice. Avec lui, quand tu rentres à la maison, tu es cuit», a raconté l'attaquant.
Cette année siennoise avec Conte a été pour Caputo la première de neuf saisons en Serie B. En dehors d'une demi-année en 2010 avec Bari, l'attaquant fan d'Alessandro Del Piero n'a en effet évolué dans l'élite qu'à partir de la saison dernière avec Empoli, avant d'exploser cette année avec Sassuolo.
«Il y en a peu en Italie qui sont aussi forts dans la surface et pour se mettre en position vers le but. C'est un professeur dans l'art d'attaquer la profondeur et de se démarquer», a expliqué son entraîneur Roberto De Zerbi. «Il est arrivé tard en Serie A. Sa force c'est qu'il profite de tout ça avec la maturité d'un homme», a-t-il ajouté. Cela se voit sur le terrain, et en dehors.