Ruben Vargas «Ce n’était pas facile d'enchaîner chantier puis entraînement»

ATS (par Sascha Fey, Augsbourg)

7.3.2024 - 16:11

Présent dans l'équipe-type de Kicker au terme de la dernière journée de Bundesliga après avoir signé un but et un assist face à Darmstadt, Ruben Vargas est de retour sur le devant de la scène. «J'ai bien sûr ressenti un certain soulagement», a confié l'attaquant international suisse dans une interview à Keystone-ATS. Il a également évoqué son avenir en club et l’Euro qu’il disputera - sauf surprise - cet été avec l’équipe de Suisse.

Après une longue période de disette, Ruben Vargas a retrouvé le chemin du but en Bundesliga.
Après une longue période de disette, Ruben Vargas a retrouvé le chemin du but en Bundesliga.
IMAGO/Sven Simon

7.3.2024 - 16:11

Ruben Vargas, samedi dernier vous avez marqué votre deuxième but dans le championnat 2023/24, le premier depuis la 1re journée. Ressentez-vous un certain soulagement?

«J'ai bien sûr ressenti un certain soulagement, mais je ne m'étais pas mis la pression. Je savais que je serais récompensé un jour si je continuais à fournir ce niveau de performance. Lors des matches précédents, j'ai été tout près de marquer, et le fait que cela se soit produit m'a fait énormément plaisir.»

En tant que joueur offensif, vous définissez-vous par rapport aux buts marqués?

«Bien sûr, nous sommes d'une certaine manière jugés sur les statistiques, mais il ne serait pas bon que je ne pense qu'à marquer des buts. J'ai fait de mauvaises expériences dans ce domaine. Et en fin de compte, c'est l'équipe qui est au premier plan, donc je pense avant tout à l'équipe et pas à moi-même.»

Néanmoins, est-il facile pour vous de rester positif pendant une période de vaches maigres?

«Comme cela fait un certain temps que je joue en Bundesliga, je peux bien gérer cela. Je sais de quoi je suis capable. Lors de ma première saison ici, j'ai marqué beaucoup de buts (six). Lors d'autres saisons, j'ai également connu de longues périodes de disette, mais j'ai toujours fini par marquer et faire des passes décisives. Les hauts et les bas font partie du jeu. J'essaie donc toujours de penser à des choses positives et de me concentrer sur mes performances. C'est mon attitude.»

Physiquement, vous avez grandi tardivement. Quel a été l'impact de cette situation sur votre carrière? Le fait que tout ne vous soit pas tombé dessus a-t-il peut-être même été un avantage?

«Cela m'a marqué. J'ai toujours dû me battre pour rester dans l'équipe, je n'ai jamais eu de place de titulaire jusqu'à l'âge de 17 ou 18 ans. Ce n'était pas facile quand j'étais trop petit, cela me rendait triste car je voulais jouer. Cependant, cela m'a rendu plus fort, cela m'a préparé à la dure concurrence d'aujourd'hui.»

Vous n'avez jamais eu de doutes?

«Non, je voulais absolument devenir professionnel, j'ai toujours cru en mes capacités, je savais que j'aurais ma chance un jour et que je serais alors prêt grâce à mon entraînement intensif.»

Après l'école, vous avez fait un apprentissage de peintre, que vous avez terminé. Est-ce que c'était vraiment compatible avec le football?

«Cela m'a demandé beaucoup d'énergie, mais avec le recul cela m'a aussi donné une motivation supplémentaire. Ce n'était pas si facile d'être sur le chantier de 7h30 à 16h et d'aller ensuite directement à l'entraînement. Et puis il y a l'école professionnelle. Je suis très fier d'avoir tenu le coup, d'autant plus que je n'étais pas le meilleur élève.»

Vous avez dû renoncer à beaucoup de choses...

«C'était peut-être une bonne chose que je n'aie pas le temps de faire autre chose. Après ces journées intensives, j'étais toujours épuisé, je ne voulais plus rien faire à part manger et dormir. Ainsi, je ne pouvais pas du tout être tenté.»

«Je peux très bien m'imaginer faire le prochain pas»

Ruben Vargas

Sur son avenir en club

Qui est ou était votre modèle?»

«Cristiano Ronaldo a toujours été un modèle pour moi. Il avait déjà un certain talent, mais il a fait beaucoup d'efforts pour en arriver là, et il est encore aujourd'hui (à 39 ans) en pleine forme. Il est un modèle pour chaque enfant. Ensuite, il y a Neymar pour son style de jeu.»

En dehors du terrain, êtes-vous aussi méticuleux que Cristiano Ronaldo?

«Pour moi, vivre de manière professionnelle en dehors du terrain fait aussi partie du jeu. Bien sûr, on peut toujours en faire plus, Ronaldo ou même Haaland sont d'un autre calibre à cet égard. Je suis quelqu'un qui écoute son corps, c'est aussi valable pour le sommeil. En ce qui concerne l'alimentation, nous sommes bien entourés chez nous au stade.»

Où voyez-vous le plus grand potentiel de développement chez vous?

«C'est difficile à dire, il n'y a rien de spécifique. J'essaie d'améliorer chaque détail. De plus, il est important de renforcer aussi les points forts, car ce sont eux qui te définissent en fin de compte.»

Votre contrat avec Augsbourg expire en 2025, pourriez-vous envisager de passer à l'étape suivante?

«Cela fait maintenant quatre ans et demi que je joue à Augsbourg, je peux donc très bien m'imaginer faire le prochain pas. Si cela convient à Augsbourg et à moi, j'écouterais certainement des offres. Mais pour l'instant, cette pensée ne m'effleure pas, toute mon attention est portée sur la réalisation d'une performance de haut niveau lors des prochains matches avec Augsbourg.»

Y aurait-il une destination de rêve?

«Probablement que tout le monde dirait la même chose. La Premier League est sans doute le meilleur championnat du monde en ce moment, donc l'Angleterre serait le plus grand rêve.»

«Nous avons été durement punis pour notre manque d'efficacité»

Ruben Vargas

Sur la Nati lors des qualifications à l’Euro

Changement de sujet. Comment envisagez-vous l'Euro en Allemagne cet été avec l'équipe de Suisse?

«Bien sûr, c'est un peu dans un coin de ma tête. Mais pour être honnête, je ne m'en occupe pas beaucoup depuis la fin des qualifications. Notre qualification a été un soulagement, car les éliminatoires ont été tout sauf faciles. Mais bien sûr, l'impatience est très grande pour l'Euro en Allemagne, toute la famille me soutiendra sur place.»

L'équipe de Suisse a régulièrement encaissé des buts en fin de match et laissé échapper des victoires. Comment expliquez-vous cela avec un peu de recul?

«C'est difficile à expliquer. Nous avons toujours été la meilleure équipe, mais nous avons eu du mal à marquer des buts et nous avons été durement punis pour notre manque d'efficacité. Entre-temps, les équipes supposées petites sont aussi devenues vraiment bonnes, on l'a vu dans les autres groupes.»

Il est néanmoins clair qu'une amélioration est nécessaire. Qu'est-ce qui vous rend confiant dans la capacité de l'équipe à franchir un cap?

«Un tournoi est de toute façon différent d'une phase qualificative. Nous avons déjà montré à plusieurs reprises ce dont nous étions capables et surpris de grandes nations. Il n'y a aucune raison d'avoir peur, il s'agit plutôt de se souvenir du positif. En tant que petit pays, il reste peu évident pour nous de participer régulièrement à des phases finales.»

ATS (par Sascha Fey, Augsbourg)