Dans un long entretien accordé à "L'Equipe", Michel Platini s'est confié sans langue de bois. Le Français est notamment revenu sur l'échec de Super Ligue, sur la réforme de la Ligue des champions ou encore sur sa relation avec son successeur à la présidence de l'UEFA Aleksander Ceferin.
Eloigné de la vie footballiste depuis plusieurs années en raison de ses divers déboires judiciaires, Michel Platini garde malgré tout un oeil attentif et critique sur le monde du ballon. Pour "L'Equipe", le Français de 65 ans a ainsi livré - avec son franc-parler - le regard qu'il porte actuellement sa discipline de prédilection.
Un sport qui vivra dès le 11 juin prochain au rythme de l'Euro, organisé cette année dans onze pays différents. Grand investigateur de ce format à l'occasion des 60 ans de la compétition européenne, l'ancien président de l'UEFA (2007-2015) n'assistera toutefois à aucune rencontre. "C'était mon idée, mais l'UEFA et les pays organisateurs l'ont semble-t-il oublié", a-t-il alors lâché au quotidien sportif de l'Hexagone.
Et cela pourrait s'expliquer par ses relations "inexistantes" avec son successeur à la tête de l'organisation basée à Nyon, Aleksander Ceferin. "On n'en avait pas beaucoup, et là, on n'en a plus. Je peux le comprendre : il (ndlr : Ceferin) fait partie de ces politiques qui n'ont pas joué au football et vivent leur moment de gloire. Si des anciens joueurs comme moi se mettent à côté d'eux, ils n'existent plus", a expliqué l'ancien attaquant tricolore, qui ne porte visiblement par le Slovène dans son coeur.
Il ne s'est alors pas gêné de critiquer la gestion de ce dernier dans le fiasco de la Super Ligue. "Le départ des grands clubs pour fonder leur propre compétition, c'est le seul vrai danger récurrent que doit gérer l'UEFA. Ça fait quarante ans que les grands clubs veulent partir. Quand on est président de l'UEFA, il vaut donc mieux anticiper plutôt que de se retrouver devant le fait accompli et traiter les dirigeants de ces clubs de 'lâches', de 'serpents' ou de 'scorpions' comme l'a fait Ceferin. C'était ridicule", a pesté Platini.
Avant toutefois de reconnaitre que les 12 clubs dissidents étaient aussi fautifs dans ce projet mort-né. "Pourquoi ça s'est effondré en moins de 48 heures ? Parce que les responsables (des clubs) ont fait une communication de merde, que les médias étaient contre, et que les supporters, notamment anglais, ont été comme d'habitude, c'est-à-dire formidables. Les entraîneurs aussi ont été très bien", a estimé l'ex-numéro 10 de l'équipe de France.
Si une Super Ligue européenne n'est pas encore prête de voir le jour, la Ligue des champions, elle, va vivre une grande révolution dès 2024. La C1 passera ainsi de 32 à 36 équipes, permettant d'attribuer davantage de tickets aux formations historiques ou issues des grands championnats. Cette réforme n'est toutefois pas du goût de Platini, qui préférerait privilégier les vainqueurs des ligues plus modestes.
"C'est d'une bêtise sans nom : ils vont encore allonger la phase de groupes qui n'intéresse déjà personne. À l'UEFA, c'est depuis longtemps la philosophie de certains : toujours plus d'argent. La Ligue des champions a été créée par Lennart Johansson (président de l'UEFA de 1990 à 2007). Moi, j'étais contre", a alors révélé le triple Ballon d'Or.
Avant d'étayer ses propos : "Je trouve que la Coupe d'Europe uniquement avec des champions et des matches couperet, ça reste la meilleure formule. Mais quand les clubs vous disent qu'ils veulent plus de matches et ont besoin d'argent, il faut en tenir compte. Quand je suis arrivé à la tête de l'UEFA, mon idée c'était avant tout de favoriser les champions de certains pays par rapport aux quatrièmes d'autres pays. J'ai essayé de trouver un compromis, sans tout révolutionner, parce qu'il y avait aussi un système économique à respecter."
Ce n'est visiblement pas l'avis de tout le monde au sein de l'instance du football européen.