Le président de Neuchâtel Xamax, Christian Binggeli, est revenu sur la période de doutes que traverse le football suisse après l'annonce des premiers cas de coronavirus en Super League. Le Vaudois a notamment regretté le manque de soutien de la Ligue, ainsi que l'absence d'équité sportive.
"Pourquoi pleurer aujourd'hui? On doit jouer." Invité à réagir sur la période incertaine que traverse le football suisse depuis l'annonce du premier cas de coronavirus en Super League, Christian Binggeli a livré ses impressions au micro de Teleclub à la mi-temps du match entre Neuchâtel Xamax et le FC Sion jeudi (score final 0-0).
Ce derby de la peur avait notamment été reporté d'un jour suite au test positif de Covid-19 décelé mardi dans des rangs de l'équipe neuchâteloise, perturbant ainsi sa préparation. Pour le président xamaxien, ce contretemps ne devait néanmoins pas constituer une excuse. "On va arrêter de faire les Calimero, parce que Sion a eu le même problème que nous", a alors justifié Binggeli.
"Il faut dire aussi que 18 clubs ont voté pour reprendre ce championnat (ndlr: 17 pour et 1 abstention en réalité), donc il faut qu'on assume. Ce n'est pas une excuse parce qu'on perd nos matches", a-t-il ajouté. "Il faut mettre du positif car se plaindre ne va pas changer les décisions qui ont été prises."
"L'impression que la Swiss Football League subit"
En revanche, à l'image de Kevin Fickentscher ou Pajtim Kasami, le Vaudois a regretté la gestion chaotique de la Swiss Football League (SFL) face à la crise. "J'ai l'impression que la Swiss Football League subit. Tous les jours, elle doit apprendre des choses. On ne se sent pas énormément soutenu en tant que club, mais je crois qu'on est tous logé à la même enseigne", a-t-il pesté.
Selon lui, le directoire du foot suisse a tout mis en oeuvre pour que la saison continue, malgré le risque de nouvelles infections chez les joueurs ou le staff des clubs. "Les instances de la Ligue ont dit qu'elles voulaient terminer la saison. On le sent. Mais ça s'est senti il y a déjà trois mois. Quand on a commencé à donner des arguments (pour arrêter le championnat), la SFL a dit qu'il fallait continuer."
Alors pourquoi une telle volonté de voir l'exercice 2019/2020 aller à son terme coûte que coûte malgré la situation sanitaire? "Je pense que c'est aussi une histoire de finance et que ça arrange la Ligue de terminer ce championnat", a imaginé Binggeli.
Toutefois, le patron xamaxien n'a pas souhaité s'apitoyer sur son sort et celui de son équipe. "Cette année, c'est pénible car on est dernier. Et si on se plaint, on va encore nous dire: 'C'est parce que vous êtes lanterne rouge que vous vous plaignez. Vous aimeriez des faveurs.' Mais je n'ai pas envie de ça."
"On ne parle plus d'équité sportive"
Contrairement à Xamax, le FC Zurich a, lui, été placé en quarantaine par le médecin cantonal après la découverte d'un premier cas de coronavirus dans ses rangs. Face à ce cas inédit, la formation de Ludovic Magnin avait été contrainte d'aligner plusieurs jeunes, issus des M21, lors de son déplacement à Bâle mardi (défaite 4-0). Une situation que le boss de la Maladière a de la peine à comprendre.
"Si vous avez un président, qui est au comité de la SFL (ndlr: Ancillo Canepa, patron du FC Zurich), qui est d'accord de mettre ses M21 pour aller jouer un match et faire du remplissage, il l'accepte", a-t-il souligné. "Mais on ne parle plus d'équité sportive. Je ne sais pas ce qui se cache là-dessous, mais je n'aurais pas accepté de mettre le M21, quitte à déclarer forfait."
Par ailleurs, Christian Binggeli a reconnu qu'il rencontrait quelques divergences d'opinions avec Jean-François Collet, le propriétaire de Xamax, concernant la gestion de la crise sanitaire. Il a ainsi appelé "son ami" - fervent opposant à une reprise de la saison - à faire preuve de davantage de clémence face à cette période exceptionnelle.
"Comme pour le Conseil fédéral, Jean-François Collet doit être collégial. Il ne peut pas ruer dans les brancards et doit suivre aussi un peu le mouvement", a espéré celui qui avait "ressuscité" le club neuchâtelois après sa faillite en 2012. Avant de conclure: "Quand on est les deux, j'ose lui dire mon avis et lui le sien. Mais je crois qu'aujourd'hui, on doit arrêter de se poser des questions et aller de l'avant."